La plupart des livres sur la spiritualité sont écrits par des moines. Leurs conseils sont-ils universellement applicables aux laïcs ? L’obéissance absolue au confesseur est-elle possible dans le monde ?
– En matière spirituelle, doit-on obéir au confesseur sans poser de questions ?
– Que voulez-vous dire par « doit » ? Dans la vie spirituelle, l’obéissance est la capacité d’entendre la voix de Dieu. Le Christ nous a donné un exemple d’obéissance : « … Car je suis descendu du ciel pour faire non pas ma volonté, mais celle de mon Père qui m’a envoyé » (Jn 6,38).
Toutes les personnes de la Sainte Trinité sont égales, mais le Fils unique est venu révéler le mystère au genre humain, montrer ce qu’est l’amour, l’harmonie et l’unité divins, quel est leur fondement – à savoir que Lui, égal au Père, est prêt à lui être obéissant en tout et à faire sa sainte volonté. Et il a été obéissant au Père jusqu’à la mort de la croix : « …Mon Père, si cette coupe ne peut pas me passer, que je la boive, que ta volonté soit faite » (Mt 26, 42) – Il a prié dans le jardin de Gethsémani.
Saul, un persécuteur de chrétiens, a entendu la voix de Dieu et est devenu l’apôtre Paul, obéissant également jusqu’à la mort. Jean le Baptiste a eu une voix dans le désert et a fait la volonté de Dieu. Et d’autres prophètes à différentes époques ont entendu la voix de Dieu, sont allés l’accomplir (réprouver, corriger les mœurs) et ils ont été lapidés.
C’est-à-dire que le principe de l’obéissance nous a été transmis par les prophètes, les apôtres et le Seigneur lui-même.
Cette obéissance ne peut être imposée ; une personne peut y parvenir en grandissant. On peut évoluer vers la plus haute compréhension de la liberté personnelle. Et seulement sous la direction d’un pasteur qui a lui-même l’expérience de la véritable obéissance. Lorsque le jeune prêtre (le jeune ancien, comme on l’appelle maintenant), qui n’a lu que des livres sur l’obéissance, commence à dicter sa volonté au paroissien, il supprime la personnalité de ce dernier. C’est une terrible distorsion de la vie spirituelle. Si un tel pasteur pense que le ministère sacerdotal fait de lui un juge sur le troupeau, cette spiritualité est douteuse, et le principe d’obéissance est violé. Le profane a en lui la même image de Dieu, et Dieu l’aime de même. Si le prêtre s’est éduqué à l’obéissance de l’Église, il le comprend et ne cherche pas à éclipser le Christ. Ce n’est qu’alors que la véritable obéissance est possible, comme soumission de soi à la volonté de Dieu, et elle est belle, majestueuse, divine, capable de faire renaître progressivement une personne.
Archiprêtre Georgy Breyev
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