Les apparitions venant du monde invisible, et survenant hors de l’Eglise Orthodoxe.

Le 13 octobre de cette année (1991) en Russie, sur 150 chaînes de télévision et 350 stations de radio a été transmise l’émission sur les apparitions de Fatima, élaborée par l’organisation de bienfaisance allemande « Aide à l’Eglise en détresse ».
Nombreux sont ceux, évidemment, qui ont entendu raconter que la Mère de Dieu serait apparue à des personnes de confession catholique romaine en divers endroits. Mais quel comportement adopter face à ces événements, cela reste flou pour beaucoup.
Certains même peuvent en tirer la conclusion que si la Mère de Dieu est apparue aux catholiques romains, cela signifie alors que leur Eglise est véritable et pleine de grâce. Cette conviction se renforce par l’argument qu’aux endroits de ces apparitions se sont accomplis des miracles et des guérisons. Le peuple russe a été particulièrement intéressé par le « miracle de Fatima ». Qu’annonçait-il aux gens ?
L’apparition faisait des prédictions sur les destinées de la Russie avec un anti-communisme évident, masquant ainsi le côté pernicieux de son essence hétérodoxe.
Quel doit être notre comportement face à ce type d’apparitions et quels critères devons-nous utiliser pour tirer la chose au clair et caractériser la véritable essence des apparitions hors de l’Eglise Orthodoxe ?
Nous espérons que ce suit aidera à la compréhension de ces phénomènes. Nos Pères Saints, sachant que Satan peut se transformer en ange de lumière, conseillaient d’être très prudents et dubitatifs face à toute apparition de l’autre monde.
« Si tu pries bien en silence, espérant être avec Dieu, dit le vénérable Grégoire le Sinaïte, n’accepte jamais ce que tu viendrais à voir de sensuel ou de spirituel, à l’extérieur ou à l’intérieur de toi, même si cela devait être l’image du Christ, d’un Ange ou d’un Saint, ou si la lumière prenait forme et t’imprégnait l’esprit. L’esprit en lui-même possède une force naturelle d’imagination et peut facilement créer des images transparentes de ce qu’elle désire ardemment, chez ceux qui n’en perçoivent pas le danger et se causent ainsi du mal à eux-mêmes. Dieu ne s’indigne pas contre celui qui porte une scrupuleuse attention à soi-même si, par peur de tomber dans l’égarement, il n’accepte pas ce qui vient de Lui sans s’interroger au préalable et s’éprouver comme il se doit. »
Nous pouvons y ajouter que le Seigneur Dieu, si cela Lui semble utile, peut donner entière confirmation concernant une apparition donnée. Si une telle prudence est nécessaire même au sein de l’Eglise Orthodoxe, alors combien devons-nous être vigilants lorsqu’il s’agit d’apparitions en dehors de l’Eglise.
Le seul critère possible que l’on doit retenir pour apprécier leur authenticité et leur vérité spirituelle, c’est celui de leur concordance avec l’Orthodoxie. Si d’une manière quelconque, à l’examen de telles visions, la pureté de l’enseignement orthodoxe se trouve transgressée, alors ces « révélations » doivent être rejetées même si elles sont à 99% orthodoxes mais s’écartent ne serait-ce que d’un seul pour cent de l’enseignement de l’Eglise. Le Seigneur ne peut se nier Lui-même ou prêcher un enseignement qui ne serait pas véridique.
Afin de bien comprendre ces phénomènes, prenons connaissance du l’apparition de Fatima, qui est particulièrement intéressante pour le peuple russe, puisque la vision prophétise sur la Russie et sur son rôle dans le destin de l’humanité.
« Vers la fin de la première guerre mondiale, au Portugal, à Fatima, entre mai et octobre de l’année 1917, trois jeunes pâtres, deux petites filles et un garçon ont eu une vision qu’ils ont pris pour une apparition de la Mère de Dieu… Six mois durant, au cours desquels se produisirent ces « apparitions », il était ordonné à Lucie de rendre ces révélations publiques à ce moment même ou plus tard. Ces révélations concernaient, pour la plupart, la nécessité d’encourager la vénération du rosaire (le chapelet catholique) et du cœur immaculé de la Très Sainte Vierge et celle de changer le mode de vie de l’humanité. Si ce changement n’était pas réalisé alors cela attirerait la colère de Dieu…» (1).
En décembre 1940, ayant reçu pour cela une autorisation spéciale, sœur Lucie, moniale de l’ordre des carmélites, seule survivante des trois témoins oculaires s’est adressée au pape par cette lettre : « En 1917 la Toute Pure par Ses mots que nous avons appelés le « secret » nous a prophétisé la fin de la guerre, qui avait alors obscurci l’Europe, a prédit une autre guerre et a dit qu’elle viendrait à nouveau insister pour consacrer la Russie à son Coeur Immaculé… En 1929 dans une nouvelle apparition elle a exprimé le voeu que la Russie soit consacrée à son Coeur Immaculé, promettant en échange d’empêcher la propagation, depuis la Russie, de fausses doctrines, et de convertir la Russie. Par différentes suggestions mystérieuses, le Seigneur ne cesse d’insister sur ce souhait, ayant promis il y a peu, que si Votre Sainteté daignait consacrer le monde au Coeur Immaculé de Marie en mentionnant plus particulièrement la Russie, alors Il abrégerait les jours de douleur par lesquels il Lui avait semblé bon de châtier les peuples pour leurs crimes » (2)
Il est important de rappeler, que sous le terme « conversion de la Russie » les catholiques entendent sa conversion au catholicisme.
Voici ce que nous lisons dans la revue Fatima Crusader N°17, 1985 : « Il est fort possible que la conversion de certains Russes à la foi catholique représente une partie du plan de Dieu dans la préparation de la conversion de toute la Russie, dans le cas où le Pape et les évêques obéiraient aux requêtes de la Mère de Dieu de Fatima de consacrer la Russie comme l’avait ordonné le Seigneur ». « La raison pour laquelle le Seigneur a donné cet ordre au Pape et aux évêques s’explique par le fait qu’il voulait ainsi que l’église reconnaisse dans la conversion de la Russie le triomphe du Coeur Immaculé de la Vierge Marie. »
Soeur Lucie écrit dans la lettre datée du 18 mai 1936 : « J’ai conversé en secret avec le Seigneur à ce sujet et je Lui ai demandé récemment : Pourquoi ne convertit-Il pas la Russie sans une consécration par le Saint Père (le Pape), le Seigneur a répondu : « Parce que Je veux que toute mon Eglise perçoive cette consécration comme le triomphe du Coeur Immaculé de la Vierge Marie et pour que ce culte, en se propageant, s’unisse à la vénération de Mon Coeur Sacré. « »
Il est nécessaire d’expliquer en quelques mots la pratique non-orthodoxe de la vénération du cœur sacré de Jésus et du cœur immaculé de la Vierge Marie dont il est question dans ces apparitions. Le culte du « cœur sacré » est lié au nom de la moniale catholique Marie (Marguerite) Alacoque décédée en 1690. On suppose qu’elle a eu une vision de Jésus Christ qui lui montrait Son cœur flambant d’amour et lui ordonna d’en propager la vénération particulière. Ces « révélations » ont été publiées dans sa biographie, oeuvre de l’évêque jésuite Langer. Elles ont provoqué un tel scandale que la publication de la biographie a été détruite. Etant donné que ces « révélations » trouvaient cependant un écho, le pape Clément les a condamnées en 1772. Malgré cela, ce culte a continué d’exister sous la protection des jésuites et est entré peu à peu dans l’usage de la vie religieuse catholique. (3)« Les représentations du « sacré cœur » et sa vénération ont constitué une part fondamentale de la spiritualité catholique contemporaine et les papes en protégeant ce culte dans leurs encycliques, promettaient des indulgences pour l’observance de ce culte. D’autres groupes sont apparus qui, ne voulant pas être en reste, déclaraient avoir eu d’autres visions de la Très Sainte Vierge et avançaient l’idée de l’adoration du « cœur immaculé de Marie ». Le cœur de la Très Sainte Vierge est quelque fois représenté avec le cœur de Jésus; plus tard la représentation du cœur affligé de Marie avec cinq ou sept épées le transperçant devint extrêmement populaire… Le catholicisme romain ne saurait être condamné pour avoir rejeté la nature divine du Christ, mais il sépare ici à l’évidence l’unité de Sa nature, en accentuant Sa nature humaine comme un objet particulier de vénération, parfois sous une grossière forme naturalistique. Ceci enfreint un des principes les plus importants des Conciles Œcuméniques qui affirme que la vénération doit s’adresser à la personne du Christ et non pas à Ses différentes natures, sans même parler des différentes parties de Son corps. Cette division de de ce qui forme l’intégrité de la nature du Fils de Dieu traduit une tendance au nestorianisme, puisque les parties du Corps du Christ ne doivent pas faire l’objet de vénération et ne doivent pas être représentées par elles-mêmes comme un cœur dans des flammes, dans une couronne d’épines etc.. Les mêmes règles doivent être observées dans la vénération de la Mère de Dieu. » (4)
Nous avons mentionné ces formes de vénération afin de montrer plus clairement quel abîme sépare les expériences spirituelles orthodoxe et catholique. Nous nous arrêterons encore sur le « miracle de Fatima » – la danse du soleil – qui surprend par son caractère insolite. Voici ce qu’écrivent les catholiques eux-mêmes sur cet événement survenu au Portugal le 13 octobre 1917 (nouveau calendrier).
« Brusquement la pluie s’arrêta et les nuages impénétrables depuis le matin soudain se dissipèrent. Le soleil se mit à luire au dessus de nos têtes semblable à un cercle d’argent que l’on pouvait regarder sans ressentir de douleur ou avoir à plisser les yeux. Ce disque était entouré d’une couronne scintillante si vive que le disque lui-même semblait obscurci comme cela se produit lors d’une éclipse solaire. Et soudain le soleil se mit à trembler, à tourner à la façon d’une roue de feu lançant de tous côtés des gerbes de lumière vive prenant tour à tour différentes teintes. Les cieux, la terre, les arbres, les pierres, les enfants, l’énorme foule des gens, tout cela se teintait tout à tour de toutes les couleurs de l’arc-en-ciel, devenant soit jaune, soit vert, soit rouge, soit bleu foncé, soit violet. Cela dura quelques minutes. Les gens se jetaient à genoux et priaient. Beaucoup pleuraient. D’autres se frappaient et se repentaient de leurs péchés, pensant que leur dernière heure était venue. L’astre céleste s’arrêta et après quelques instants renouvela sa danse colorée des couleurs. Encore un arrêt, et à nouveau le feu d’artifice céleste brilla d’une force indescriptible. Et soudain tous ceux qui avaient vu ce signe céleste, virent clairement comme un seul homme, le soleil se détacher des cieux et se diriger vers eux en faisant des sauts en zigzags et en dégageant une forte chaleur. « Miracle ! Miracle ! », criaient certains… Cependant le soleil s’étant soudainement arrêté au cours de sa descente tourbillonnante monta vers le ciel en zigzaguant et peu à peu, se mit à briller de sa lumière habituelle au milieu d’un ciel dégagé. La foule se releva et comme un seul homme chanta le « Credo ». « La danse du soleil » dura en tout dix minutes ». (5)
C’était exactement le miracle que la vision avait promis d’accomplir « afin que les gens croient en Elle » (paroles prononcées au moment de l’apparition le 13 juillet 1917). Certes, quelque chose d’étonnant se produisit ce jour-là, mais comment apprécier le sens de ce « miracle » ? En cela nous aidera l’Evêque Ignace (Briantchaninov).
« Les pharisiens, ne se contentant pas des miracles qu’accomplissait le Seigneur, exigeaient de Lui un miracle particulier : un signe des cieux (Marc 8 : 12). Ce désir d’un signe des cieux était aussi parfois exprimé par le peuple. Ainsi, après la multiplication miraculeuse des cinqs pains qui rassasièrent une nombreuse assemblée comprenant 5000 hommes, sans compter les femmes et les enfants, les témoins oculaires de ce miracle et participants à ces agapes dirent au Seigneur : « Quel miracle donc fais-tu, afin que nous le voyions et croyions en Toi ? Nos pères ont mangé la manne dans le désert, selon ce qui est écrit : il leur sera donné à manger le pain du ciel  » (Jean 6, 30-31). L’étonnante multiplication des pains dans les mains du Sauveur ne leur semblait pas suffisante : elle s’accomplit dans le silence avec une sainte humilité dont étaient empreintes toutes les actions du Dieu-Homme et il leur fallait que le ciel se couvrît d’épais nuages que le tonnerre grondât et l’éclair fulgurât, que les pains tombassent du ciel… » (6)
« Exiger un tel signe du Dieu-Homme représentait un péché grave car c’était le fruit d’une réflexion de la chair, rejetant un but spirituel sublime au profit d’un phénomène spectaculaire. Le Seigneur, entendant cette insolente et blasphématoire exigence d’un signe, dit en soupirant profondément : « Pourquoi ce peuple demande-t-il des signes ? En vérité je vous le dis : il ne sera pas donné de signes à cette génération  » (Marc 8,12-13). Cette demande d’un signe du ciel est une demande de miracle dans le genre des miracles de Satan (mis en exergue par l’auteur – la rédaction). Un signe du ciel ne pouvait offrir de quelconque certitude. Pourquoi seul un signe du ciel pourrait-il témoigner qu’il vient de Dieu ? Les Ecrits Divins montrent le contraire… Les Saintes Ecritures racontent que sous l’action du diable « le feu est tombé du ciel et a brûlé les brebis et les pâtres » du Juste Job (Job 1 :16) [voir de même le Blagoviestnik -L’Explication du Saint Evangile par le bienheureux Théophylacte, à propos de Matthieu 16 :1 ]. Il est évident que ce feu s’est formé dans l’air de la même manière qu’un éclair le ferait. Simon le Magicien étonnait de ses miracles le peuple aveuglé, qui voulait reconnaître dans la force de Satan qui agissait en lui « la grande force de Dieu » » (7).
« Ce qu’a refusé d’accomplir le Christ, l’Antéchrist l’accomplira; il donne un signe du ciel, c’est-à-dire un signe dans les airs, là où par excellence domine Satan (cf saint Ephrem le Syrien, Sermon 106 , 2° partie, Ephésiens 2 : 2; 6 : 12). Saint Jean le Théologien dit que l’Antéchrist accomplira de grandes choses et il fera même descendre du feu du ciel devant les hommes (Apocalypse 13 :13). Ce signe est décrit par les Ecritures comme le plus grand des signes de l’Antéchrist et le lieu de ce signe, ce sera les airs : ce sera un spectacle grandiose et effrayant ». Il va « agir principalement sur le sens de la vue en le charmant et le trompant » (8)
« Les hommes ne comprennent pas que ces miracles n’ont aucun but bénéfique ni raisonnable, aucune signification définie, ils sont étrangers à la vérité, remplis de mensonge, ils sont une comédie monstrueuse, totalement maléfique et dépourvue de sens qui s’efforcent d’étonner, d’amener à la confusion et l’inconscience, de séduire, de tromper, de captiver par l’attraction d’un spectaculaire splendide, vide et stupide. » (Evêque Ignace Briantchaninov, ibidem, p. 300). Ayant vu ces miracles, les gens dans leur aveuglement, dans le triomphe de leur intelligence charnelle, veulent immédiatement reconnaître dans ces oeuvres de Satan la plus haute manifestation de la Force divine (9).
Par ce qui a été dit précédemment il doit être parfaitement clair pour le lecteur orthodoxe que cette apparition ne peut être véridique, et que croire en elle représente donc en soi un danger spirituel non négligeable.
Dans le petit hameau montagnard de Saint Sébastien de Garabandal, dans le nord de l’Espagne, dans la période entre 1961 et 1965, s’est produite une autre série d’apparitions. Quatre jeunes filles en ont été les témoins. Examinons quelques unes de ces apparitions.
« La Très Sainte Vierge nous rappelait souvent d’aller visiter le saint Sacrement (il faut comprendre par là le rite catholique de l’adoration des Saints Dons). Au cours de sa dernière apparition la Très Sainte Vierge m’a dit : « Conchita, pourquoi ne visiterais-tu pas plus souvent Mon Fils dans l’ostensoir ? » Quand j’ai vu la Très Sainte Vierge, je lui ai dit qu’il me semblait qu’il y avait dans le village un espion. Tu sais, il y a des protestants ici. Elle a répondu : « Ils sont tous mes enfants ». Un ange est apparu et a dit : « Beaucoup de cardinaux, d’évêques et de prêtres marchent à leur perte en emmenant avec eux un grand nombre d’âmes. De moins en moins d’importance est donné au mystère de l’Eucharistie »».
Il est intéressant de noter qu’en 1967 Conchita a commencé à avoir des doutes sur ses visions : « Oui, en 1967, quelques temps après cette apparition, j’ai eu des doutes. Cela est arrivé soudainement le 15 août. Je ne l’oublierai jamais. Il y avait beaucoup de personnes autour de moi et j’étais remplie du sentiment que je trompais ces gens et que je devais m’en confesser. Je suis allée voir un prêtre et lui ai raconté que c’était une sorte d’illusion, un rêve ou un égarement, que je n’avais jamais vu la Très Sainte Vierge, et que j’avais tout le temps trompé tout le monde, tout ce temps… Ces doutes, ces négations de la vision de la Très Sainte Vierge ont duré cinq ou six jours. Depuis, je me trouve dans le désarroi spirituel et dans le doute » (10).
Nous avons évoqué cet événement afin de montrer concrètement comment, bien que le témoin lui-même ne soit pas certain de la réalité de sa vision, il se trouve néanmoins des gens pour croire fermement à cette apparition. Ils ne sont pas même troublés par la déclaration suivante d’une des jeunes filles : « Quand ces apparitions ont commencé, nous n’avons pas manqué un seul jour de Communion. Lorsqu’il n’y avait pas de prêtre dans la ville, alors un ange avait coutume d’apparaître pour nous donner la communion… Un jour, un prêtre nous a conseillé de demander de quelle manière l’ange nous donnait la communion puisque seul un prêtre peut consacrer les Dons. Nous avons demandé et la Très Sainte Vierge a répondu que l’ange prenait des Dons déjà consacrés dans le ciboire des autres églises ». Nous pouvons imaginer quelle confusion cela aurait produit dans l’église où les Saints Dons auraient été pris. Est-il possible que les anges prennent les Saints Dons dans les ciboires des églises ? Dans la Vie du saint orthodoxe Onuphre, un ange certes lui apporta la Communion, mais il n’est pas concevable qu’un ange ait à prendre les Saints Dons dans les ciboires. Le troisième fait miraculeux que nous voulons évoquer s’est déroulé en juin 1981 en Yougoslavie dans la petite ville de Mejdougorié. Là, l’apparition affirma que ses révélations seraient pour le monde les dernières révélations véridiques. En novembre 1982, l’apparition déclara : « Quand ces révélations cesseront, seules quelques révélations trompeuses apparaîtront au monde. »
Cet endroit commença à attirer de plus en plus de gens du monde entier, bien que l’évêque catholique local, celui de la ville de Mostar, Pavao Zanitch, déniant la véracité de l’apparition, ait publiquement déclaré, au nom de la Conférence yougoslave des évêques, qu’il était inadmissible de faire un pèlerinage motivé par le caractère soi-disant surnaturel que l’on voudrait attribuer à de telles apparitions survenues à Medjougorié.
Déjà, en 1981, les témoins de l’apparition avaient communiqué ce message : « Sur la colline, où se sont produites les apparitions, il y aura un signe visible permanent : cela se passera bientôt et vous le verrrez. Soyez patients et attendez un peu ». Et à nouveau : « Le signe apparaîtra le jour de la fête de l’Immaculée Conception en 1981, puis à Noël, puis au Nouvel An…». Il n’est pas nécessaire d’ajouter qu’il n’y a pas eu pour l’instant de signe.
Il suffit à un lecteur orthodoxe d’entendre seulement quelques unes des déclarations œcuméniques accompagnant les visions pour être certain qu’il ne s’agit pas de la Mère de Dieu. Par exemple : « A la face de Dieu toutes les religions sont égales. Le Seigneur comme un roi règne sur toutes ces religions » (11). « En Dieu, ni divisions ni religions n’ont de sens. C’est vous qui avez créé toutes ces divisions. Le seul intermédiaire, c’est Jésus Christ. Les divisions existent parce que les croyants eux-mêmes se sont séparés les uns des autres. » (12)
Pour les ignorants, de telles « révélations » représentent une réelle tentation puisqu’elles sont proches des vues contemporaines unitaristes. Mais nous, les chrétiens orthodoxes, savons que l’affirmation selon laquelle « toutes les religions sont égales devant Dieu » équivaut à nier le Christ comme unique Vérité. Ne sont-ce pas
Ses propres paroles : Je suis le chemin, la vérité et la vie; personne ne vient au Père sans passer par Moi (Jean 14,6).
Sans essayer d’analyser plus profondément le sens de ces « révélations », il est suffisant de comprendre que chacune de ces visions, qui affirment être la Mère de Dieu, reconnaît une grâce aux sacrements catholiques. Une telle affirmation est inacceptable pour nous. Après la chute de l’Eglise occidentale hors de l’Orthodoxie au XIe siècle, il ne peut y avoir de doute quant à l’inexistence de la grâce dans les sacrements catholiques romains.
« Voilà ce que nous enseigne le premier canon de saint Basile le Grand: L’Eglise est une et elle seule possède toute la plénitude des dons de la grâce du Saint Esprit. Quiconque s’écarte en quelle que manière que ce soit de l’Eglise, par une hérésie, un schisme ou un rassemblement autoproclamé, perd la communion de la Grâce Divine. » et « Il n’y a pas de chrétienté, il n’y a pas de Christ, pas de grâce, pas de Vérité; il n’y a pas de vie, pas de salut, il n’y a rien sans l’Eglise et tout cela existe seulement dans l’Eglise une », écrit le saint hiéromartyr Hilarion (Troïtsky ). (13)
Même les faits de guérisons miraculeuses ne constituent pas une preuve de l’authenticité d’une vision. La guérison peut arriver par la volonté de Dieu, par des causes naturelles, ou par une permission laissée par Dieu au diable. Sozomène dans son Histoire Sainte (livre II, chap. 5) raconte : « Le temple d’Esculape à Eges, le temple de Vénus et de la rivière Adonis ont été entièrement détruits. Ces temples étaient très vénérés par les habitants d’alors… parce qu’ils y étaient guéris de nombreuses maladies, car le démon lui-même y apparaissait la nuit et les guérissait. »
Dans le Vita Patrum de Saint Grégoire de Tours, il est écrit dans la vie de Saint Friardus le Reclus : « A cette époque quand ils veillaient dans la prière, le tentateur est apparu au diacre Secundellus sous la forme du Seigneur et lui dit : « Je suis le Christ, Que vous priez chaque jour. Tu es déjà saint et ton nom est inscrit dans le livre de la vie. Quitte l’île et commence à guérir les gens ». Secundellus, tombé dans la tentation, quitta l’île … et, quand, au nom de Jésus Christ, il posait ses mains sur les malades, ceux-ci guérissaient.»
Bien sûr, nous ne nions pas la possibilité de véritables apparitions du monde invisible non seulement aux hétérodoxes mais aussi aux païens. L’Evêque Ignace (Briantchaninov), dans le troisième tome de ses Expériences ascétiques, dit ce qui suit : « Il est arrivé que, par un soin particulier de Dieu, des esprits célestes apparaissent à des gens à la vie dépravée et même à des idolâtres. L’apparition des saints anges n’était d’aucune utilité pour ces gens et elle n’était pas provoquée pour leur seule personne et c’est pourquoi elle n’était pas le signe de leur mérite…(p. 20) ». « Les saints anges et les justes défunts arrêtaient fréquemment par de semblables apparitions les attaques de barbares ou de bandits contre la demeure des hommes de Dieu » (voir par exemple la Vie de Saint Macaire Jeltovodsky, le 25 juillet).
La possibilité de recevoir de Dieu une guérison miraculeuse n’est pas exclue non plus pour quelqu’un de non-orthodoxe. Par exemple, par les prières de Saint Jean de Kronstadt, même ceux qui étaient hors de l’enceinte de l’Eglise recevaient la guérison.
Mais quand, sur la base d’une certaine apparition miraculeuse, un quelconque enseignement est offert, il est nécessaire d’étudier alors en détail sa nature. C’est pourquoi nous avons défini des critères pour apprécier les faits de l’autre monde, et en l’occurrence : sont-ils orthodoxes dans tous les sens du terme ? Dans les trois phénomènes analysés, nous avons montré qu’ils cachent en eux des éléments clairement non-orthodoxes et par conséquent, la conclusion en est qu’ils ne viennent pas de Dieu.
Il convient ici de citer les paroles de l’archiprêtre P. Boris Moltchanov : « Il est ici important pour nous de noter la loi peu remarquée, selon laquelle tout courant faussement et hypocritement chrétien amènera inévitablement ses adeptes à la reconnaissance de l’Antéchrist ou au courant qui préparera sa venue. Dans toute fausse doctrine, comme dans l’attitude pharisienne envers la Vérité, se cache la graine de la mort éternelle. C’est à tort que beaucoup n’accordent pas aux dogmes l’importance qui leur est due. Le lien étroit des dogmes de la foi avec le comportement pratique et moral et l’exploit du salut a été explicité par l’Evêque Ignace (Briantchaninov) et le bienheureux Métropolite Antoine (Khrapovitsky). Suivant l’enseignement de l’Eglise, dans l’œuvre du salut, il n’y a rien de plus important que la confession de la Vérité révélée par Dieu. Le Verbe de Dieu Lui-même témoigne que l’on doit adorer en esprit et en vérité et que c’est seulement de tels adorateurs que le Père recherche pour Lui-même (Jean 4 : 23-24). La Vérité n’est pas du tout une chose négligeable avec laquelle on pourrait se comporter n’importe comment. Dans la Vérité est réellement présent l’Esprit même de Vérité, « qui vient du Père ». Et dans tout mensonge est présent réellement le père même du mensonge, le diable et c’est pourquoi l’homme qui confesse la Vérité reçoit aussi l’Esprit de Vérité, quand celui qui confesse le mensonge, acquiert obligatoirement l’esprit du mensonge, l’esprit du réprouvé.
En dehors de l’unique Eglise Orthodoxe il n’y a et n’y aura aucun moyen pour reconnaître avec certitude l’Antéchrist ni les forces de la grâce pour le contrer fermement lui et toutes ses tentations. »
Nous n’avons pas besoin de ces apparitions non-orthodoxes même si elles nous appellent au repentir, à la prière et au carême. Ces apparitions reconnaissent les mystères catholico-romains, la primauté papale, soutiennent des formes de dévotion non-orthodoxes et affirment le faux oecuménisme. Dans nos temps troublés, temps de tentations subtiles et habiles, alors que grandit le nombre de faux miracles, visions et apparitions, nous, les chrétiens orthodoxes, devons accomplir le chemin de notre salut dans la crainte et le tremblement, en gardant fermement notre sainte foi orthodoxe, et ne recourir pour un conseil ou de l’aide qu’à la seule Sainte Eglise Orthodoxe.

Moine Gorazd

Notes :
1) Etudes de Religion Comparative – Question concernant le 2ème Concile du Vatican par Verak
2) Récits sur Fatima – le plus grand miracle de notre temps, Bruxelles 1962
3) Théologie pastorale, 2 partie, Archim. Constantin, Jordanville 1961, p 16.
4) Religion comparative. « Le Catholicisme Romain : quelques pratiques de dévotion » par P. George Mitchell.
5) Récits de Fatima, Bruxelles 1962, pages 22-23.
6) Evêque Ignace Briantchaninov, Œuvres, t. IV p. 296-297.
7) Evêque Ignace Briantchaninov, ibidem, p. 299-300.
8) Evêque Ignace Briantchaninov, ibidem, p. 302.
9)  ibidem, p.302 – extrait du livre de J’archiprêtre Boris Moltchanov : Le mystère de l’arbitraire et de l’antéchrist, Edition Norr 1938.
10) Miracle à Garabandal par Conchita Gonzales avec Harry Daley. Double Day et Co. New York 1983.
11)La Contre Réforme Catholique. 201 cf. Fr. Biaise, 500 messages à Vivre, p. 370, Montréal, 1986.
12)  « L’apparition de la Vierge Marie à Medjougorie », La Contre Réforme Catholique sept.-oct. 1987/ nov. -dec. 1985.
13)  p. 114 et 68 in // n’y a pas de chrétienté sans l’Eglise, – Христианства нет без Церкви, Издание Братства преп. Иова Почаевскаго , Sao Paolo, 1954.

Traduit du russe par C. V. Savykine
Праваславная Русь 
.№23 – 1991

Si cet article vous a plu, vous pouvez soutenir TIKHON sur Tipeee.