La Première épître de Clément, ou Épître de Clément aux Corinthiens (Κλήμεντος πρὸς Κορινθίους / Klếmentos pròs Korinthíous), est une lettre rédigée en grec par Clément de Rome, évêque de cette ville dans les années 90. Considéré comme pape, il est canonisé sous le nom de saint Clément Ier dans les traditions catholique et orthodoxe. C’est en grande partie à cette lettre que Clément doit sa notoriété. Il s’agit du seul écrit de cet auteur. Datant probablement de 95-97 et destinée à l’Église de Corinthe, la lettre est postérieure d’une quarantaine d’années aux deux épîtres adressées par Paul de Tarse à la même communauté corinthienne. L’Église de Dieu qui séjourne à Rome à l’Église de Dieu qui séjourne à Corinthe, à ceux qui ont été appelés et sanctifiés dans la volonté de Dieu, par Notre Seigneur Jésus-Christ. Que la grâce et la paix vous soient données du Dieu tout-puissant par le Christ Jésus en abondance !
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I, 1. Ce sont les malheurs et les épreuves dont nous avons été frappés soudainement et coup sur coup qui nous ont retenus trop longtemps, à notre gré, de nous tourner vers vous, bien-aimés, et de nous occuper des affaires en litige parmi vous, de cette sédition qui n’a ni droit ni place parmi des élus de Dieu, oeuvre de souillure et d’impiété, qu’une poignée d’individus a commencée ; et le feu qu’ils ont allumé, ils l’ont porté à un tel degré de démence, que votre nom révéré, célébré, justement aimé de tous, s’en trouve grandement décrié. 2. Qui donc n’est revenu de chez vous convaincu de la qualité et de la solidité de votre foi, plein d’admiration pour la sagesse et la mesure de votre piété dans le Christ, proclamant partout la générosité de votre accueil, élevant aux nues la perfection et la sûreté de votre connaissance ! 3. Vous agissiez en tout sans acception de personnes, vous marchiez dans les commandements de Dieu, vous obéissiez à vos chefs, vous rendiez à vos anciens l’honneur qui leur est dû. Aux jeunes gens vous demandiez une attitude posée et digne ; aux femmes vous recommandiez d’accomplir tous leurs devoirs avec une conscience irréprochable, sainte et pure, aimant leurs maris comme il convient ; vous leur enseigniez à gouverner saintement leur maison, sans se soustraire à la règle de l’obéissance en toute discrétion.
II, 1. Tous, vous vous montriez humbles, exempts de jactance, plus prompts à obéir qu’à commander, plus heureux de donner que de recevoir. Les viatiques du Christ vous suffisaient et c’est à eux que vous appliquiez votre esprit ; oui, vous teniez ses paroles soigneusement gravées dans votre coeur et ses souffrances étaient devant vos yeux. 2. C’est ainsi qu’une paix profonde et féconde vous avait été donnée avec un désir insatiable de faire le bien ; et une abondante effusion de l’Esprit-Saint s’était répandue sur tous. 3. Il n’y avait en vous que volonté droite, bon zèle, confiante piété, lorsque vous éleviez vos mains vers le Tout-Puissant pour lui demander de vous regarder avec bienveillance, si vous aviez commis quelque faute involontaire. 4. Vous luttiez jour et nuit pour toute la communauté des frères, afin que soit sauvé (grâce à votre compassion et à votre communion de sentiments) le nombre des élus de Dieu. 5. Vous étiez sincères, simples, sans rancune. 6. Toute sédition, tout schisme vous faisait horreur. Vous pleuriez sur les fautes de votre prochain ; ses défaillances étaient les vôtres, selon vous. 7. Vous étiez sans repentir dans toutes vos bonnes actions, « prêts à toute bonne _œuvre » (Tt 3, 1). 8. Une vie toute de vertu et d’honneur était votre parure. Vous accomplissiez toutes vos actions dans la crainte de Dieu.
Les commandements et les préceptes du Seigneur étaient écrits sur les tables de votre coeur.
III, 1. La gloire et la prospérité vous avaient été données en plénitude et ce mot de l’Écriture s’était accompli pour vous : « Il a mangé et il a bu, il s’est engraissé et il a regimbé, le bien-aimé » (Dt 32, 15). 2. De là sont nés la jalousie et l’envie, la discorde et la sédition, la persécution et le désordre, la guerre et la captivité. 3. C’est ainsi que « les manants s’en sont pris aux nobles, les petits aux illustres, les insensés aux sages, les jeunes aux anciens » (Is 3, 5). 4. Aussi, adieu la justice et la paix, puisque désormais chacun a délaissé la crainte de Dieu, obscurci le regard de la foi ; personne ne marche plus dans les commandements de Dieu, personne ne mène une vie digne du Christ, mais chacun marche selon les désirs de son coeur pervers, nourrissant en lui la jalousie ennemie de toute justice et de toute piété, par laquelle « la mort est entrée dans le monde » (Sg 2,24).
IV, 1. Voici en effet ce qui est écrit : « Le temps passa et il advint que Caïn présenta des produits du sol en offrande à Dieu et qu’Abel de son côté offrit des premiers-nés de son troupeau et même de leur graisse. 2. Or, le Seigneur agréa Abel et son offrande, mais il n’agréa pas Caïn et son offrande ; 3. et Caïn en fut très irrité et eut le visage abattu. 4. Le Seigneur dit à Caïn : » Pourquoi es-tu irrité et pourquoi ton visage est-il abattu ? Ton offrande était bonne mais ton partage était mauvais, n’as-tu donc pas péché en cela ? 5. Apaise ta colère : ton offrande te reviendra et tu en seras le maître. « 6. Et Caïn dit à Abel son frère : » Allons dans la plaine « . Et Caïn se jeta sur son frère Abel et le tua » (Gn 4, 3-8). 7. Vous le voyez, frères, la jalousie et l’envie ont commis un fratricide. 8. C’est à cause de la jalousie que Jacob, notre père, a fui devant la face de son frère Ésaü ; 9. c’est à cause de la jalousie que Joseph a subi persécution mortelle et captivité ; 10. c’est la jalousie qui a contraint Moïse de s’enfuir devant la face de Pharaon, roi d’Égypte. Voici, en effet, ce que lui avait dit l’un de ses compatriotes : « Qui t’a établi notre arbitre ou notre juge ? Veux-tu me tuer, moi aussi, comme l’Égyptien que tu as tué hier ? » (Ex 11, 14). 11. C’est à cause de la jalousie qu’Aaron et Marie furent chassés du camp ; 12. la jalousie a précipité Dathan et Abiron tout vivants en enfer, parce qu’ils s’étaient soulevés contre le serviteur de Dieu, Moïse. 13. C’est à cause de la jalousie que David encourut non seulement la haine des étrangers, mais encore la persécution de Saul, roi d’Israël.
V, 1. Mais laissons les exemples des anciens, et passons aux héros qui nous touchent de tout près ; prenons les généreux exemples que nous ont donnés des hommes de notre génération. 2. C’est à cause de la jalousie et de l’envie que les plus grands et les plus justes d’entre eux, les colonnes, ont subi la persécution et combattu jusqu’à la mort. 3. Oui, regardons les saints Apôtres : 4. Pierre, victime d’une injuste jalousie subit non pas une ou deux, mais de nombreuses épreuves, et après avoir ainsi rendu son témoignage, il s’en est allé au séjour de la gloire, où l’avait conduit son mérite. 5. C est par suite de la jalousie et de la discorde que Paul a montré quel est le prix de la patience : 6. chargé sept fois de chaînes, exilé, lapidé, il devint héraut du Seigneur au levant et au couchant, et reçut pour prix de sa foi une gloire éclatante. 7. Après avoir enseigné la justice au monde entier, jusqu’aux bornes du couchant, il a rendu son témoignage devant les autorités et c’est ainsi qu’il a quitté ce monde pour gagner le lieu saint, demeurant pour tous un illustre modèle de patience.
VI, 1. A ces héros dont la vie a été sainte vient s’adjoindre une grande foule d’élus qui ont souffert, par suite de la jalousie, toutes sortes d’outrages et de tortures, et sont devenus pour nous d’admirables exemples. 2. C’est poursuivies par la jalousie que des femmes, nouvelles Danaïdes et Dircés, victimes d’outrages atroces et sacrilèges, ont parcouru jusqu’au bout d’un pas ferme la carrière de la foi, et ont remporté le prix glorieux, malgré l’infirmité de leur nature. 3. C’est la jalousie qui a séparé épouses et maris, faisant mentir le mot de notre père Adam : « Voici l’os de mes os et la chair de ma chair » (Gn 2, 23). 4. La jalousie et la discorde ont renversé de grandes cités et ruiné de puissantes nations.
VII, 1. En vous écrivant tout cela, bien-aimés, nous ne faisons pas que vous réprimander, nous nous avertissons aussi nous-mêmes, car nous sommes dans la même arène et le même combat nous attend. 2. C’est pourquoi laissons là toutes les préoccupations vaines et inutiles et revenons à la règle glorieuse et sainte de la tradition ; 3. et voyons ce qu’approuve, ce qu’aime, ce qu’agrée celui qui nous a faits. 4. Fixons nos regards sur le sang du Christ et apprenons combien il est précieux aux yeux de Dieu son Père : répandu pour notre salut, il a offert au monde entier la grâce de la pénitence. 5. Parcourons tous les âges et nous verrons que, de génération en génération, le Maître « a laissé place à la pénitence » (Sg 12, 10) pour tous ceux qui ont voulu se convertir à lui. 6. Noé prêcha la pénitence, et ceux qui l’écoutèrent furent sauvés. 7. Jonas annonça leur ruine aux Ninivites, mais ceux-ci firent pénitence de leur péché, et Dieu se laissa fléchir par leur supplication, bien qu’ils fussent pour lui des étrangers.
VIII, 1. Les ministres de la grâce de Dieu, sous l’inspiration du Saint-Esprit, ont parlé de pénitence ; 2. et le Maître de toutes choses lui-même a dit de la pénitence, avec serment : « Je suis vivant, dit le Seigneur, je ne veux pas tant la mort du pécheur que sa conversion » (Ez 33, 11). 3. « Repentez-vous, maison d’Israël, de votre iniquité. Dis aux fils de mon peuple : quand même vos péchés iraient de la terre au ciel, qu’ils seraient plus rouges que l’écarlate et plus noirs que le sac, si vous vous tournez vers moi de tout votre coeur et me dites : Père ! je vous exaucerai comme un peuple saint » (Auteur. inconnu.). 4. Et ailleurs : « Lavez-vous, purifiez-vous ; ôtez de ma vue la méchanceté de vos âmes ; cessez de faire le mal, apprenez à faire le bien, recherchez le droit, secourez l’opprimé, soyez juste pour l’orphelin, plaidez pour la veuve ; et alors venez et nous discuterons, dit le Seigneur. Quand vos péchés seraient comme l’écarlate, ils deviendront candides comme la neige ; quand ils seraient rouges comme la pourpre, je les rendrai blancs comme la laine. Si vous consentez à m’écouter vous mangerez les produits du terroir ; mais si vous ne consentez pas à m’écouter, c’est le glaive qui vous mangera. La bouche du Seigneur a parlé » (Is. 1, 16-20). S. Dans son désir de faire participer tous ceux qu’il aime à la pénitence, voilà ce qu’a décidé la toute-puissante volonté de Dieu.
IX, 1. Aussi, soumettons-nous a sa magnifique et glorieuse volonté, faisons-nous suppliants, lui demandant à genoux sa pitié et sa bonté ; et, recourant à ses miséricordes, abandonnons les vaines préoccupations et la jalousie qui mène à la mort. 2. Fixons nos regards sur ceux qui ont été les parfaits serviteurs de sa magnifique gloire. 3. Prenons Hénoch qui, trouvé juste dans l’obéissance, fut pris et l’on ne trouva aucun indice de sa mort. 4. Noé, trouvé fidèle, fut chargé d’annoncer au monte la nouvelle création, et le Maître sauva par lui les vivants qui entrèrent dans l’arche avec concorde.
X, 1. Abraham, appelé l’ami de Dieu, fut trouvé fidèle pour s’être montré soumis aux paroles de Dieu. 2. C’est par obéissance qu’il quitta son pays, sa famille et la maison de son père ; et, pour avoir laissé derrière lui un pays de peu d’étendue, une famille de peu de puissance, un modeste maison, il reçut en héritage les promesses de Dieu. Dieu lui dit en effet : 3. « Quitte ton pays, ta parenté et la maison de ton père pour le pays que je t’indiquerai. Je ferai de toi un grand peuple, je te bénirai, je magnifierai ton nom et tu seras béni. Je bénirai ceux qui te béniront, je maudirai ceux qui te maudiront. En toi seront bénies toutes les tribus de la terre » (Gn 12, 1-3). 4. Une autre fois, alors qu’il se séparait de Lot, Dieu lui dit : « Lève les yeux et regarde de l’endroit où tu es vers le nord et le midi, vers l’orient et la mer : tout le pays que tu vois, je le donnerai à toi et à ta postérité pour toujours. 5. Je rendrai ta postérité comme la poussière de la terre ; quand on pourra compter les grains de poussière de la terre, alors on comptera tes descendants » (Gn 13, 14-16). 6. Et encore : « Dieu conduisit Abraham dehors et dit : Lève les yeux au ciel et dénombre les étoiles, si tu peux les dénombrer. Telle sera ta postérité. Abraham crut en Dieu et cela lui fut imputé à justice » (Gn 15, 56 ; cf. Rm 4, 3). 7. A cause de sa foi et de son hospitalité un fils lui fut donné dans sa vieillesse, et par obéissance il l’offrit en sacrifice à Dieu, sur l’une des montagnes qu’il lui avait montrées.
XI, 1. C’est à cause de son hospitalité et de sa piété que Lot fut sauvé de Sodome, tandis que tous les alentours étaient châtiés par le feu et le soufre. Le Maître montra qu’il n’abandonne pas ceux qui espèrent en lui, mais qu’il livre ceux qui cherchent ailleurs leur appui, au châtiment et au supplice. 2. La femme de Lot qui l’accompagnait dans sa fuite, sans partager sa foi, sans avoir accordé son coeur au sien, fut établie comme un signe : elle devint une statue de sel jusqu’à ce jour, afin de faire connaître à tous que les coeurs inconstants, hésitant à croire à la puissance de Dieu, sont punis, et que leur peine sert de leçon à toutes les générations.
XII, 1. C’est à cause de sa foi et de son hospitalité que fut sauvée Rahab la courtisane. 2. Josué, fils de Navé, avait envoyé des espions à Jéricho, et le roi de ce pays sut qu’ils étaient venus explorer ses terres, il chargea donc des hommes de les saisir et, une fois pris, de les mettre à mort. 3. L’hospitalière Rahab leur ouvrit sa porte, les fit monter à l’étage et les cacha sous des chaumes de lin. 4. Les émissaires du roi survinrent et lui dirent : « C’est chez toi que sont entrés les espions qui sont venus reconnaître notre pays ; fais-les sortir, le roi l’ordonne. » Elle répondit : « Oui, les hommes que vous cherchez sont entrés chez moi, mais ils sont repartis aussitôt et s’en vont par là », et elle leur montra la direction opposée. 5. Puis elle dit aux espions : « Je sais, j’en suis sûre, que le Seigneur Dieu vous a donné notre pays ; car la terreur et la panique se sont emparées à votre approche de tous les habitants. Aussi lorsque vous en aurez fait la conquête, sauvez-moi et la maison de mon père. » 6. Les espions lui dirent : « Il en sera comme tu l’as dit. Dès que tu auras appris notre arrivée, rassemble tous les tiens sous ton toit et ils seront sauvés ; mais tous ceux qui seront trouvés hors de la maison périront » (Jos. 2, 3-4, 9, 13, 18). 7. Ils lui proposèrent encore un signal, qui consistait à suspendre à sa maison une corde de pourpre ; ils montraient ainsi que c’est par le sang du Seigneur que se ferait la rédemption de tous ceux qui croient et qui espèrent en Dieu. 8. Vous le voyez, bien-aimés, en cette femme il n y avait pas seulement la foi, mais encore le don de prophétie.
XIII, 1. Ayons donc, frères, des sentiments humbles, rejetons toute jactance, tout orgueil, tout excès, tout emportement et accomplissons ce qui est écrit. En effet, le Saint-Esprit a dit : « Que le sage ne se glorifie pas de sa sagesse, ni le fort de sa force, ni le riche de sa richesse. Mais que celui qui veut se glorifier se glorifie dans le Seigneur de le chercher et de pratiquer le droit et la justice » (Jr 9, 22-23). Souvenons-nous surtout des paroles de Notre Seigneur par lesquelles il nous enseignait l’équité et la magnanimité : 2. « Soyez miséricordieux afin d’obtenir la miséricorde, pardonnez afin d’être pardonnés : selon que vous agirez, on agira envers vous ; comme vous donnerez, on vous donnera ; comme vous jugerez, on vous jugera ; selon que vous faites le bien on vous en fera ; de la mesure dont vous mesurerez, on mesurera pour vous en retour » (cf. Mt 6, 14-15 ; 7, 1-2, 12 ; Lc 6, 31, 36-38). 3. Puisons dans ce commandement et dans ces préceptes la force de marcher dans la soumission à ses paroles saintes en toute humilité. La sainte parole dit en effet : 4. « Sur qui jetterai-je les yeux, sinon sur l’homme doux, pacifique, qui tremble à ma parole ? » (Is 66, 2).
XIV, 1. Il est juste et saint, frères, de vous montrer obéissants à Dieu, plutôt que de vous laisser entraîner dans l’arrogance et l’orgueil par les instigateurs d’une odieuse rivalité. 2. Car ce n’est pas à un dommage quelconque, mais à un grave danger que nous nous exposons en nous livrant témérairement à la volonté de ces hommes qui ne visent qu’à la discorde et à la sédition, et cherchent à nous rendre étrangers au bien. 3. Soyons bons les uns envers les autres, imitons la bonté et la douceur de notre Créateur. 4. Car il est écrit : « Les doux habiteront la terre et les innocents y seront laissés ; mais les pécheurs en seront exterminés » (Pr 2, 21-22 ; Ps. 36, 9, 38). 5. Et encore : « J’ai vu l’impie hausser sa taille, s’élever comme un cèdre du Liban : je suis passé, voici qu’il n’était plus ; je l’ai cherché et je ne l’ai pas trouvé. Garde l’innocence et observe le droit, car il y a une festivité pour l’homme pacifique » (Ps. 36, 35-37).
XV, 1. Adhérons à ceux qui donnent l’exemple de la paix, en toute sainteté, et non à ceux qui font semblant de la désirer. 2. Il est dit en effet quelque part : « Ce peuple m’honore des lèvres, mais son coeur est loin de moi » (Is 19,13 ; Mc 7, 6). 3. Et puis : « De leur bouche, ils bénissaient, mais ils maudissaient dans leur coeur » (Ps. 51, 5). 4. Et aussi : « Ils le flattaient de leur bouche, mais de leur langue ils lui mentaient. Leur coeur n’était pas droit envers lui ; ils étaient sans foi en son alliance (Ps 77, 36-37). 5. C’est pourquoi, qu’elles deviennent muettes les lèvres mensongères, qui parlent contre le juste, au mépris du droit ! » (Ps 30, 19). Et encore : « Que le Seigneur retranche les lèvres mensongères, la langue qui aime les grands mots, ceux qui disent : La langue sera notre puissance, nos lèvres sont pour nous, qui sera notre maître ? 6. A cause de la détresse du miséreux, et des gémissements du pauvre, maintenant je me lève, dit le Seigneur ; je le mettrai en sécurité ; 7. je jugerai son cas en toute liberté ! » (Ps 11, 4-6).
XVI, 1. Le Christ appartient aux âmes humbles, à ceux qui ne s’élèvent pas au-dessus de son troupeau. 2. Le sceptre de la majesté de Dieu, le Seigneur Jésus-Christ, n’est pas venu avec un train d’orgueil et de somptueuse apparence, encore qu’il l’aurait pu, mais dans l’humilité comme le Saint-Esprit l’a prédit à son sujet : 3. « Seigneur, qui croira à notre parole ? Et le nom du Seigneur, à qui a-t-il été dévoilé ? Nous l’avons annoncé comme un petit enfant, comme une racine dans une terre aride. Il n’a ni beauté, ni éclat ; nous l’avons vu, il n’a ni beauté, ni aimable apparence ; mais son aspect est sans gloire, on n’y reconnaît plus la forme humaine ; homme, chargé de coups et de peines, habitué à porter la souffrance, il détourne sa face, il est méprisé, on le compte pour rien. 4. C’est nos péchés qu’il porte et c’est pour nous qu’il souffre ; et nous, nous voyons en lui l’homme châtié, frappé, humilié. 5. Et pourtant, c’est à cause de nos péchés qu’il a été blessé, il a été meurtri à cause de nos iniquités. Le châtiment qui nous rend la paix est sur lui, et c’est grâce à ses plaies que nous sommes guéris. 6. Tous, nous errions comme des brebis, l’homme avait perdu sa route. 7. Le Seigneur l’a livré pour nos péchés, et lui dans les mauvais traitements n’ouvre pas la bouche. Comme un agneau conduit à la boucherie, comme une brebis muette devant le tondeur, il n’ouvre pas la bouche. Dans son humiliation, sa condamnation a été levée. 8. Qui racontera sa génération ? Sa vie est retranchée de la terre. 9. Pour les péchés de mon peuple il a été conduit à la mort ; 10. sa sépulture sera la rançon des impies, sa mort sera le rachat des riches. Car il n’a pas commis l’iniquité et on n’a point trouvé de mensonge en sa bouche. Et le Seigneur veut le purifier de ses plaies. 11. Si vous offrez des sacrifices pour vos iniquités, votre âme verra une longue postérité. 12. Le Seigneur veut l’arracher aux douleurs de son âme, lui montrer la lumière, façonner son intelligence, justifier ce juste qui se fait serviteur pour le bien d’un grand nombre ; et il prendra sur lui leurs péchés. 13. C’est pourquoi il aura en héritage des multitudes et il partagera les trophées des puissants pour s’être lui-même livré à la mort et s’être mis au nombre des pécheurs. 14. Il a pris sur lui le péché d’un grand nombre, il a été livré à cause de leurs péchés » (Is 53, 1-12). 15. Lui-même dit encore : « Je suis un ver et non un homme, la honte du genre humain, le rebut du peuple, 16. tous ceux qui m’ont vu m’ont bafoué, leurs lèvres ont ricané, ils ont hoché la tête : Il a espéré dans le Seigneur, que le Seigneur le délivre, le sauve puisqu’il est son ami » (Ps 21, 7-9). 17. Vous voyez, bien-aimés, quel modèle on nous donne ; si le Seigneur s’est humilié ainsi, que ferons-nous, nous à qui il donne de marcher sous le joug de sa grâce ?
XVII, 1. Faisons-nous également les imitateurs de ceux qui ont parcouru le pays, vêtus de peaux de chèvres et de brebis, annonçant la venue du Christ : nous voulons dire Élie, Élisée, et encore Ézéchiel, les prophètes et avec eux tous ceux qui ont reçu un bon témoignage. 2. Abraham reçut un témoignage magnifique, lui qui fut appelé l’ami de Dieu ; mais lorsqu’il contempla la gloire de Dieu, il dit, montrant son humilité : « Pour moi, je suis terre et cendre » (Gn 18, 27). 3. De Job aussi il est écrit : « Job était juste, irréprochable, véridique, craignant Dieu, éloigné de tout mal » (Jb 1, 1). 4. Mais lui, il dit en s’accusant : « Nul n’est exempt de souillure, pas même pour n’avoir vécu qu’un seul jour » (Jb 14, 4-5). 5. Moïse a été appelé « serviteur fidèle dans toute la maison de Dieu » (Nb 12, 7 ; cf. Hé 3, 2), et c’est par son ministère qu’il plut à Dieu de frapper l’Égypte de douloureux fléaux. Mais lui non plus ne répondit pas au grand honneur qui lui était fait par des paroles présomptueuses il dit au contraire, lors de l’oracle du buisson : « Qui suis-je pour que tu m’envoies ? (Ex 3, 11). J’ai la voix faible et la langue embarrassée » (Ex 4, 10). 6. Et encore : « Je ne suis qu’une vapeur s’échappant d’une marmite » (Aut. inconnu).
XVIII, 1. Que dirons-nous donc de David et du témoignage qu’il a reçu ? Dieu lui avait dit : « J’ai trouvé un homme selon mon coeur, David, fils de Jessé et je l’ai oint dans ma miséricorde éternelle ! » (Ps 88, 21 ; cf. Ac 13, 22). 2. Mais lui-même dit à Dieu : « Aie pitié de moi, mon Dieu, dans ta grande miséricorde ; en ton immense compassion efface mon péché. 3.Lave-moi toujours plus de mon iniquité ; et de ma faute purifie-moi. Car mon péché, moi, je le connais et ma faute est devant moi sans relâche. 4. j’ai péché contre toi seul ; ce qui est mal à tes yeux, je l’ai fait ; ainsi, sois trouvé juste quant on prononcera, triomphe si l’on te juge ; 5. Voici : dans l’iniquité j’ai été conçu, dans le péché ma mère m’a porté. 6. Vois : tu as aimé la vérité ; les obscurités et les secrets de ta sagesse tu me les as dévoilés. 7. Purifie-moi avec l’hysope et je serai purifié, lave-moi et je serai plus blanc que la neige. 8. Rends-moi le son de la fête et de la joie, et les os que tu as humiliés jubileront. 9. Détourne ta face de mes fautes, et efface toutes mes iniquités. 10. Crée en moi un coeur pur, ô Dieu, et restaure en ma poitrine un esprit ferme. 11. Ne me repousse pas loin de ta face, ne retire pas de moi ton Esprit saint. 12. Rends-moi la joie de ton salut, et assure en moi un esprit magnanime. 13. Aux pécheurs j’enseignerai tes voies, et les impies reviendront à toi. 14. Délivre-moi du sang, ô Dieu, Dieu de mon salut, 15. et ma langue acclamera ta justice. Seigneur, ouvre ma bouche, et mes lèvres publieront ta louange. 16. Si tu avais désiré un sacrifice, je te l’aurais offert ; mais ce ne sont pas les holocaustes que tu agrées : 17. le sacrifice pour Dieu, c’est un esprit brisé ; d’un coeur contrit et humilié Dieu n’a point de mépris » (Ps 50, 3-19).
XIX, 1. Tous ces personnages si grands et si saints par leur humilité et leur abaissement sont pour nous des maîtres dans l’obéissance, et non pas pour nous seulement, mais aussi pour les générations qui nous ont précédés, pour tous ceux qui ont accueilli les paroles de Dieu dans la crainte et la vérité. Prenons donc notre part de tant de grandes et glorieuses actions, et dirigeons à nouveau notre course vers le but qui nous a été proposé dès le commencement, vers la paix, les yeux fixés sur le Père et le Créateur de l’univers entier ; et attachons-nous aux présents magnifiques, sans prix, à tous les biens qu’il nous donne dans la paix. 3. Regardons Dieu en pensée, considérons des yeux de l’âme sa volonté longanime, réfléchissons combien il se montre indulgent envers toute sa création !
XX, 1. Les cieux se meuvent selon la règle qu’il leur donne et lui obéissent en paix ; 2. le jour et la nuit parcourent la carrière qu’il leur a fixée sans jamais empiéter l’un sur l’autre. 3. Le soleil, la lune et le choeur des astres parcourent, selon son ordre, harmonieusement et sans aucun écart, les orbes qu’il leur a prescrites. 4. La terre féconde, soumise à son décret, offre en abondance, selon le rythme des saisons, aux hommes, aux bêtes et à tous les vivants qui la peuplent, leur subsistance ; elle ne s’écarte pas de ses lois, elle ne modifie pas l’ordre qu’il a voulu. 5. Les profondeurs insondables des abîmes et les gouffres inexplorés des enfers obéissent aux mêmes lois. 6. La mer immense, dans le bassin qu’il a façonné pour la contenir, ne franchit pas les limites où il l’a enfermée, mais selon qu’il lui a ordonné, ainsi fait-elle : 7. « Tu n’iras pas plus loin qu’ici, où tes flots se briseront sans quitter ton sein » (Jb 38, 11). 8. Les océans que l’homme ne peut franchir, et les montes qui sont au-delà, obéissent aux mêmes lois de leur maître. 9. Les saisons, printemps, été, automne, hiver, se succèdent en paix. 10. Les vents sont lâchés de leur cachette au temps convenable, et ils accomplissent leur office sans faillir ; les sources intarissables, créées pour le plaisir et la santé des humains, ne manquent jamais de les laisser puiser la vie à leur mamelle ; les moindres des animaux savent s’unir dans la paix et la concorde. 11. Ainsi, dans toute sa création, le souverain Maître et créateur de l’univers a voulu que régnât la paix avec la concorde, car il désire le bien de toutes ses créatures et se montre surabondamment généreux envers nous qui avons recours à ses miséricordes par Notre Seigneur Jésus-Christ, 12. à qui soit la gloire et la majesté dans les siècles des siècles. Amen.
XXI, 1. Prenez garde, bien-aimés, que ces nombreux bienfaits ne tournent à notre condamnation, si nous n’adoptons pas une conduite digne de Dieu, en faisant toujours ce qui lui plaît et ce qui lui est agréable, dans la concorde. 2. Il est dit, en effet, quelque part : « L’Esprit du Seigneur est une lampe dont la lumière pénètre jusqu’aux tréfonds du coeur » (Pr 20, 27). 3. Constatons-le, il est tout proche de nous, et rien ne lui échappe de nos pensées ni de nos calculs. 4. Il est donc juste que nous ne discutions pas sa volonté. 5. Sachons nous heurter à des hommes déraisonnables et insensés, tout enflés et bouffis d’arrogance, plutôt qu’à Dieu. 6. Révérons le Seigneur Jésus-Christ dont le sang a été donné pour nous ; ayons le respect de nos chefs, la crainte de nos anciens ; élevons nos enfants dans la crainte de Dieu ; dirigeons nos femmes vers le bien. 7. Qu’on puisse reconnaître en elles le charme de la chasteté, constater la sincérité de leur disposition à la douceur ; que leur silence manifeste la discrétion de leur langue ; que leur charité ne dépende pas du caprice de leurs inclinations, mais qu’elle s’exerce saintement, sans acception de personnes, envers tous ceux qui craignent Dieu. 8. Que nos enfants aient part à l’éducation dans le Christ ; qu’ils apprennent quelle est auprès de Dieu la puissance de l’humilité, le pouvoir de la chasteté, combien la crainte du Seigneur est belle et grande, et capable de sauver tous ceux qui se laissent saintement conduire par elle, en toute pureté te conscience. 9. Car il pénètre nos pensées et nos désirs, lui qui a mis en nous son esprit et le reprend quand il le veut.
XXII, 1. Toutes ces choses, c’est la foi dans le Christ qui nous les garantit ; c’est bien lui en effet qui nous invite ainsi par la voix du Saint-Esprit : « Venez, enfants, écoutez-moi, et je vous enseignerai la crainte du Seigneur. 2. Quel est l’homme qui désire la vie, qui aime à voir des jours heureux ? 3. Garde ta langue du mal, tes lèvres des paroles trompeuses, 4. évite le mal et fais le bien. 5. Recherche la paix et poursuis-la. 6. Sur les justes, les yeux du Seigneur, et pour leurs clameurs, ses oreilles ; mais contre les malfaisants la face du Seigneur pour ôter de la terre leur mémoire. 7. Le juste a crié : le Seigneur a écouté et l’a délivré de toutes les angoisses. 8. Nombreuses sont les angoisses du juste, mais de toutes, le Seigneur le délivrera » (Ps 33,12-18, 20). 9. Il dit encore : « Nombreux sont les tourments de l’impie ; qui se fie en le Seigneur, la grâce l’entoure » (Ps 31, 10).
XXIII, 1. Le Père de toute compassion et de toute bienveillance a des entrailles de miséricorde pour tous ceux qui le craignent ; dans sa bienveillante condescendance, il répand ses grâces sur tous ceux qui s’approchent de lui avec un coeur simple ; 2. aussi, qu’il n’y ait point en nous de duplicité et que notre âme ne s’enfle pas à cause te la magnificence et de la richesse de ses dons. 3. Qu’on ne puisse jamais nous appliquer l’Écriture disant : « Malheureux ceux dont le coeur est double, et qui, l’âme hésitante, disent : Ces promesses, nous les avons déjà entendues au temps de nos pères ; et voici que nous avons veillé, et rien de tout cela ne nous est arrivé. 4. Insensés ! Comparez-vous à un arbre : prenez un cep ; d’abord, il perd ses feuilles, puis naissent des bourgeons, le feuillage, les fleurs, le raisin vert, et enfin voici la grappe » « (Aut. inconnu). Vous le voyez : en peu de temps le fruit est parvenu à sa maturité. 5. En vérité, c’est sans retard, soudainement, que s’accomplit la volonté de Dieu, comme l’atteste aussi l’Écriture : » Il viendra bientôt et ne tardera pas (Is. 14, l) et soudain, il entrera dans son Temple, le Seigneur, le Saint que vous attendez » (Ml 3, l).
XXIV, 1. Observons, bien-aimés, comment le Seigneur ne cesse de nous montrer les indices de la future résurrection dont il nous a donné les prémices, en ressuscitant des morts le Seigneur Jésus-Christ. 2. Considérons, bien-aimés, le rythme naturel de la résurrection. 3. Le jour et la nuit nous montrent une résurrection : la nuit s’endort le jour se lève ; le jour s’en va, et voici la nuit. 4. Prenons les produits de la terre : les semailles. Avec quoi et comment les fait-on ? 5. Le semeur sort, jette les différentes semences qui tombent sèches et nues sur la terre, où elles vont se décomposer. Mais de leur décomposition même, dans la magnificence de sa Providence, le Maître les fait lever à nouveau ; et il multiplie la graine unique et lui fait porter du fruit.
XXV, 1. Considérons le signe prodigieux que nous offrent les régions de l’Orient, c’est-à-dire l’Arabie. 2. Il y a là bas, un oiseau qu’on nomme phénix. Il est seul de son espèce et vit cinq cents ans ; et lorsqu’il approche du terme de sa vie, il construit lui-même son cercueil où il pénètre, son temps accompli, pour mourir. 3. De sa chair corrompue naît un ver qui se nourrit de la charogne de l’oiseau mort, puis se couvre de plumes ; et lorsqu’il est devenu fort, il soulève le cercueil rempli des ossements de son ancêtre, et l’emporte loin de l’Arabie, en Égypte, jusqu’à la ville nommée Héliopolis. 4. Là, en plein jour, aux yeux de tous, il s’en vient à tire-d’aile le déposer sur l’autel du soleil, puis il reprend son vol pour le retour. 5. Alors les prêtres consultent leurs annales et constatent qu’il est venu après cinq cents ans révolus.
XXVI, 1. Sera-ce donc à nos yeux prodige et merveille, que le Créateur de toutes choses ressuscite ceux qui l’ont servi saintement, avec la confiance de la foi parfaite, Lui qui nous a montré dans un simple oiseau la magnificence de sa promesse ? 2. En effet, il est dit : « Tu me ressusciteras et je te louerai ! » (cf. Ps 27, 7) Et encore : « J’étais couché et je dormais (Ps 3, 6) ; je me suis réveillé parce que tu es avec moi » (Ps 22, 4). 3. Et Job dit : « Alors tu ressusciteras cette chair qui a porté toutes ces douleurs » (Jb 19, 26).
XXVII, 1. Que cette espérance attache nos âmes à celui qui est fidèle dans ses promesses et juste dans ses jugements. 2. Celui qui a défendu le mensonge, à bien plus forte raison ne ment pas lui-même. 3. Ravivons donc notre foi en lui et considérons que tout est dans la main de Dieu. 4. D’un mot de sa puissance, il a formé l’univers, d’un mot il peur l’anéantir. 5. « Qui lui demandera : Qu’as-tu fait ? et qui résistera à la force te son bras ? » (Sg 12, 12 et 11, 22). Quand il veut er comme il veut, il fait toutes choses ; et pas un seul de ses commandements ne passera. 6. Tout est présent à ses yeux et rien n’échappe à son vouloir, 7. puisque « les cieux racontent la gloire de Dieu, et l’oeuvre de ses mains le firmament l’annonce ; le jour au jour en publie le récit, et la nuit à la nuit en transmet la connaissance. Non point récits, non point langage dont ne soit pas entendu le son » (Ps 18, 24).
XXVIII, l. Puisque tout est vu, tout est entendu par Dieu, craignons-le, et abandonnons le désir impur des actions mauvaises, afin que sa miséricorde nous garde des jugements à venir. 2. Où fuir, en effet, sa main puissante ? quel monde accueillera un déserteur de Dieu ? L’Écriture dit, en effet : 3. « Où irai-je, où fuirai-je ta face ? Si j’escalade les cieux, tu es là ; si je suis aux extrémités de la terre, voici ta droite ; si je me couche dans les abîmes, voici ton esprit » (Ps 138, 7-10). 4. Où donc irait-on, où pourrait-on échapper à celui qui enveloppe tous les êtres ?
XXIX, 1. Approchons-nous donc de lui avec une âme sainte 24, levant vers lui des mains pures et sans tache, soyons pleins d’amour pour ce père bienveillant et miséricordieux qui a fait de nous sa part d’héritage. 2. Il est écrit en effet : « Quand le Très-Haut donna aux nations leur héritage, quand il répartit les fils d’Adam, il fixa leurs limites suivant le nombre des anges de Dieu, mais le lot du Seigneur ce fut Jacob, son peuple Israël, sa part d’héritage » (Dt 32, 8-9). 3. Et dans un autre endroit, on lit : « Voici, le Seigneur a pris pour lui un peuple parmi les peuples, comme un homme prend pour soi les prémices de son aire, et de cette nation sortira le saint des saints » (cf. Dt 4, 34 ; Nb 18, 27 ; 2 Ch. 31, 14 ; Ez 18, 12 ; Dt 14, 2)
XXX, 1. Puisque nous formons une portion sainte, accomplissons aussi toutes les oeuvres de la sainteté ; fuyons les médisances, les embrassements impurs et impudiques, l’ivresse, la passion de la mode, les vils désirs, l’odieux adultère et la vilenie de l’orgueil 2. « Car Dieu, dit-on, résiste aux orgueilleux, mais donne sa grâce aux humbles » (Pr 3, 34). 3. Attachons-nous donc à ceux qui tiennent de Dieu cette grâce. Revêtons la concorde, dans l’humilité, la continence, nous tenant loin de tout murmure et de toute critique, manifestant notre justice par des actes, non par des paroles. 4. Car il est dit : « Le bavard recevra la réplique ; ou bien croit-il qu’il suffit d’être loquace pour avoir raison ? 5. Béni l’homme né de la femme, et qui vit peu ; ne sois pas prodigue de paroles » (Jb 11, 2-3, d’après le texte de la LXX). 6. Que notre louange soit en Dieu, et qu’elle ne vienne pas de nous-mêmes ; car Dieu hait ceux qui se louent eux-mêmes. 7. Que le témoignage de notre bonne conduite soit rendu par les autres, comme il le fut pour nos pères les justes. 8. L’impudence, la présomption, l’audace appartiennent aux maudits de Dieu ; la discrétion, l’humilité, la douceur, à ceux qu’il a bénis.
XXXI, 1. Attachons-nous donc à la bénédiction de Dieu et voyons quels en sont les chemins. Reprenons le déroulement des événements depuis le commencement. 2. Pourquoi Abraham notre père fut-il béni ? N’est-ce pas pour avoir pratiqué la justice et la vérité, dans la foi ? 3. Isaac, sachant ce qui allait arriver était plein d’assurance et se laissait emmener au sacrifice, joyeusement 4. Jacob quitta humblement son pays à cause de son frère ; il alla chez Laban et le servit ; et c’est à lui que furent donnés les douze sceptres d’Israël.
XXXII, 1. A les considérer l’un après l’autre sincèrement, on reconnaît la magnificence des dons de Dieu. 2. De Jacob vont sortir tous les prêtres et les lévites qui servent à l’autel de Dieu ; de lui est né le Seigneur Jésus, selon la chair ; de lui, par Juda, les rois, les princes et les chefs ; et les autres sceptres d’Israël ne sont pas en petit honneur, selon la promesse de Dieu : « Ta descendance sera comme les étoiles du ciel » (Gn 15, 5). 3. Tous ont reçu de la gloire et de la grandeur, non à cause d’eux et de leurs oeuvres, ou de la justice qu’ils auraient pratiquée, mais par le bon plaisir de Dieu.. Et nous qui avons été appelés dans le Christ Jésus par ce même bon plaisir, ce n’est pas par nous-mêmes que nous sommes justifiés, ni par notre sagesse, ni par notre intelligence, ni par notre piété, ni par les oeuvres que nous avons pratiquées en toute sainteté de coeur, mais par la foi ; car c’est par la foi qu’ont été justifiés tous les hommes depuis le commencement, par le Dieu Tout-Puissant, à qui soit la gloire au siècle des siècles. Amen.
XXXIII, 1. Que ferons-nous donc, frères ? Allons-nous renoncer à faire le bien, abandonner la charité ? Qu’à tout jamais le Maître nous préserve de ce malheur, hâtons-nous plutôt de mettre notre zèle et notre ardeur à accomplir toute bonne oeuvre. 2. Car le Créateur lui-même et le Maître de l’univers s’est réjoui de ses oeuvres. 3. Par sa toute-puissance souveraine, il a affermi les cieux, et son incompréhensible intelligence en a exécuté l’ornement ; il a séparé la terre de l’eau qui l’environnait et l’a assise sur le fondement inébranlable de sa volonté ; et les animaux qui la peuplent, c’est son ordre qui leur a donné l’existence ; il a fait la mer et les vivants qu’elle renferme, puis leur a posé des limites par sa puissance. 4 Enfin, c’est la plus grande, la plus digne de ses oeuvres, car elle est douée d’intelligence, c’est l’homme qu’il a façonné de ses mains saintes et pures ; il en a fait l’empreinte de sa propre image. 5. C’est bien, en effet, ce que dit Dieu : « Faisons l’homme à notre image et à notre ressemblance ; et Dieu créa l’homme : homme et femme, il le créa » (Gn. 1, 26-27). 6. Et lorsqu’il eut achevé toutes ses oeuvres, il les trouva bonnes et les bénit en disant : « Croissez et multipliez » (Gn. 1, 28). 7. Constatons que tous les justes se sont parés de bonnes oeuvres, et que Dieu lui-même s’est réjoui d’en être paré. 8. Puisque tel est notre modèle, hâtons-nous de nous soumettre à sa volonté ; et de toute notre force accomplissons les oeuvres de la justice.
XXXIV, 1. Le bon ouvrier n’éprouve aucune gêne à prendre le pain qu’il a gagné par son travail, mais l’ouvrier paresseux et négligent n’ose regarder en face son employeur. 2. Aussi convient-il que nous soyons zélés pour le bien, car c’est de notre employeur que nous tenons toutes choses. 3. Il nous a prévenus en effet : « Voici venir le Seigneur ; et devant lui la rétribution pour rendre à chacun selon ses oeuvres » (Is 40, 10 ; 62, 11 ; Pr 24, 12 ; Ap 22, 12). 4. Il nous exhorte à croire en lui de tout notre coeur, à nous mettre, sans paresse ni indolence, à toutes sortes de « bonnes oeuvres » (Tt 3, 1). 5. Prenons notre gloire et notre assurance en lui ; soyons soumis à sa volonté ; songeons à toute la multitude d’anges qui se tient devant lui pour le servir ; 6. il est dit en effet : « Des myriades de myriades se tenaient devant lui, et mille milliers le servaient (Dn 7, 10) ; et ils clamaient : Saint, Saint, Saint le Seigneur Sabaoth, toute la création est pleine de sa gloire » (Is 6, 3). 7. Nous donc aussi d’un seul coeur, tous d’un seul élan, celui de notre commune fidélité, crions vers lui d’une seule bouche, sans nous lasser, afin de devenir participants de ses grandes et glorieuses promesses. 8. Car il est dit : « L’oeil n’a pas vu, l’oreille n’a pas entendu, il n’est pas monté au coeur de l’homme tout ce que Dieu a préparé pour ceux qui l’attendent » (Is 64, 4).
XXXV, 1. Qu’ils sont riches et merveilleux les dons de Dieu. mes bien-aimés ! 2. La vie dans l’immortalité, la splendeur dans la justice, la vérité dans la liberté, la foi dans la confiance, la continence dans la chasteté, et ceux-là sont dès maintenant à la portée de notre intelligence. 3. Quels sont donc les biens préparés pour ceux qui l’attendent ? C’est le Créateur, le père éternel, le très saint qui en sait le nombre et la splendeur. 4. Luttons donc pour obtenir d’être au nombre de ceux qui l’attendent, afin d’avoir part aux biens promis. 5. Et comment y parvenir, bien-aimés ? En attachant à Dieu notre âme de toute notre foi, en recherchant ce qui lui plaît, ce qui lui est agréable, en accomplissant ce qui convient à sa sainte volonté, en suivant la voie de la vérité, en rejetant toute injustice, toute méchanceté, l’ambition, les querelles, la malignité et les ruses, les murmures et les médisances, la haine de Dieu, l’orgueil et la jactance, la vanité, et la porte close aux étrangers. 6. Car ceux qui accomplissent ces choses sont haïs de Dieu, et non seulement ceux qui les accomplissent, mais encore ceux qui les approuvent. 7. L’Écriture dit en effet : « L’impie, Dieu lui dit : Que viens-tu réciter mes commandements, qu’as-tu mon alliance à la bouche, 8. toi qui détestes la règle et rejettes mes paroles derrière toi ? Voyais-tu un voleur, tu courais avec lui ; et parmi les adultères, tu étais de chez eux. Ta bouche, tu l’emplissais de malice, et de ta langue tu tramais la tromperie. Tu t’asseyais et tu médisais de ton père, tu livrais au scandale le fils de ta mère. 9. Voici ce que tu as fait et je me suis tu ; et tu as pensé, fou que tu es, que je te suis semblable. 10. Je vais te confondre, et t’obliger à te regarder en face. 11. Comprenez bien, vous tous qui oubliez Dieu, de peur que je ne vous emporte comme un lion et que personne ne soit là pour vous délivrer. 12. Le sacrifice d’action de grâces, voilà ce qui me glorifie, et c’est là le chemin où je vous montrerai le salut de Dieu » (Ps 49, 16-23).
XXXVI, 1. Telle est la voie, bien-aimés, où nous trouverons notre salut, Jésus-Christ, le grand prêtre qui présente nos offrandes, le défenseur et le secours de notre faiblesse. 2. Par lui nos regards peuvent fixer le plus haut des cieux, en lui nous voyons le reflet de la face pure et majestueuse de Dieu, par lui se sont ouverts les yeux de notre coeur, par lui notre intelligence obtuse et obscurcie s’épanouit dans la lumière, par lui le Maître a voulu nous faire goûter à la connaissance immortelle : « Resplendissement de la gloire du Père, il est d’autant supérieur aux anges que le nom qu’il a reçu en héritage est incomparable au leur » (Hé 1, 3-4). 3. Il est écrit en effet : « Il fait des vents ses anges, et des flammes du feu ses serviteurs » (Ps 103, 4). 4. Mais au sujet de son Fils voici ce que dit le Maître : « Tu es mon fils, je t’ai engendré aujourd’hui : demande et je te donnerai les nations pour héritage, pour domaine les extrémités de la terre » (Ps 2, 7-8). 5. Et encore : « Siège à ma droite car de tes ennemis je vais faire ton marchepied » (Ps 109, 1). 6. Or, quels sont ces ennemis ? Les méchants qui s’opposent à la volonté de Dieu.
XXXVII, 1. Faisons campagne, frères, de tout notre zèle, sous les ordres de ce chef irréprochable. 2. Considérons les soldats en campagne, comme ils se montrent disciplinés, dociles, soumis aux ordres de leurs chefs. 3. Tous ne sont pas à la tête de l’armée ou de mille ou de cent ou de cinquante et ainsi de suite, mais chacun à son poste exécute les ordres de l’empereur et de ses chefs. 4. Les grands ne peuvent être sans les petits, ni les petits sans les grands, mais il y a de tout en toutes choses ; et c est ainsi qu’elles sont utiles. 5. Prenons notre corps : la tête n’est rien sans les pieds ; de même les pieds ne sont rien sans la tête. Et nos moindres membres sont nécessaires et utiles au corps entier ; ou plutôt tous ensemble conspirent et collaborent dans une unanime obéissance au salut du corps entier.
XXXVIII, 1. Qu’il demeure donc entier ce corps que nous formons en Jésus-Christ ! Que chacun respecte en son prochain le charisme qu’il a reçu. 2. Que le fort prenne souci du faible, que le faible respecte le fort. Que le riche secoure le pauvre, que le pauvre rende grâces à Dieu de lui avoir donné quelqu’un qui subvienne à ses besoins. Que le sage manifeste sa sagesse non par des paroles, mais par de bonnes oeuvres. Que l’humble ne se rende pas témoignage à lui-même, mais qu’il laisse ce soin à d’autres. Que celui qui est chaste dans sa chair ne s’en glorifie pas, sachant que c’est à un autre qu’il doit sa continence. 3. Pensons-y, frères, de quelle poussière avons-nous été formés ? Quels étions-nous, à notre entrée en ce monde ? De quelle mort, de quelles ténèbres notre Créateur nous a-t-il tirés, lui qui nous a formés et conduits dans ce monde qui lui appartient et où il avait préparé pour nous tous ses dons dès avant notre naissance ? 4. Puisque c’est de lui que nous tenons tous ces bienfaits, nous devons lui rendre grâces de tout. A lui la gloire dans les siècles des siècles. Amen.
XXXIX, 1. Des sots sans intelligence, des insensés qui n’ont rien appris se moquent de nous et nous bafouent, voulant se donner de l’importance avec leurs idées. 2. Or, que peut un mortel ? Quelle est la force d’un fils de la terre ? 3. Il est écrit : « Mes yeux ne distinguaient aucun visage, mais j’entendais un souffle et une voix qui disait : 4. Eh quoi ! un homme serait-il pur devant le Seigneur ? ses oeuvres irréprochables ? A ses serviteurs eux-mêmes, Dieu ne fait pas confiance, il convainc ses anges d’égarement. 5. Le ciel même n’est pas pur devant lui. Que dire de ces hôtes de maisons d’argile que nous sommes, et faits de la même poussière ? Il les écrase comme un ver. Du matin au soir ils ne sont plus, car ils n’ont pas en eux de quoi se venir en aide. 6. Il a soufflé sur eux et ils sont morts parce qu’ils n’avaient pas de sagesse. 7. Appelle maintenant. Peut-être on va te répondre, ou tu verras l’un des saints anges ! Vraiment, la colère fait périr l’insensé, la jalousie le fait mourir dans son égarement. 8. J’en ai bien vu l’un ou l’autre qui prenait racine, mais soudain leur résistance fut dévorée. 9. Puissent leurs fils voir s’échapper le salut, puissent-ils être moqués à la porte des petits sans personne pour les délivrer ! Les biens qui leur étaient préparés, ce sont les justes qui les mangeront ; mais eux ne trouveront pas d’issue à leurs maux » (Jb 4, 16-5, 5).
XL, 1. Puisque toutes ces choses nous sont évidentes, puisque nous avons sondé les abîmes de la science de Dieu, nous devons faire avec ordre tout ce que le maître nous a ordonné d’accomplir en temps déterminés. 2. Or, il nous a prescris de nous acquitter des offrandes du culte, non pas n’importe comment et sans ordre, mais à des époques et des moments déterminés. 3. Il a déterminé lui-même, en son souverain bon plaisir, où et par quels ministres nous devions nous en acquitter, afin que tout se passe saintement selon son bon plaisir, et soit ainsi agréable à sa volonté. 4. Aussi, ceux qui présentent leurs offrandes aux moments qu’il a fixés lui sont agréables et il les bénit ; car en suivant les ordonnances du maître, ils ne peuvent faillir. 5. Au grand prêtre des fonctions particulières sont confiées ; les prêtres ont leur place, les lévites leur service, le laïc les obligations des laïcs.
XLI, 1. Que chacun d’entre nous, frères, à son rang, plaise à Dieu par une bonne conscience, sans vouloir franchir les limites régulières de son office, en toute dignité. 2. Ce n’est point partout, frères, qu’on offre le sacrifice perpétuel, ou un sacrifice votif, ou pour les péchés et les fautes, mais seulement à Jérusalem. Et là encore, ce n’est pas n’importe où qu’on l’offre, mais face au sanctuaire, sur l’autel, non sans que l’offrande ait d’abord été soigneusement examinée par le grand prêtre et les autres ministres dont il était question plus haut. 3. Ceux qui contreviennent à son ordre sont punis de mort. 4. Vous le voyez, frères, plus grande est la connaissance que nous avons été jugés dignes te recevoir, plus grave est le risque que nous courons. XLII, 1. Les Apôtres nous ont annoncé la bonne nouvelle de la part de Jésus-Christ. Jésus-Christ a été envoyé par Dieu. 2. Le Christ vient donc de Dieu et les Apôtres du Christ. Cette double mission elle-même, avec son ordre, vient donc de la volonté de Dieu. 3. Munis des instructions de Notre Seigneur Jésus-Christ, pleinement convaincus par sa résurrection, et affermis dans leur foi en la parole de Dieu, les Apôtres allaient, tout remplis de l’assurance que donne le Saint-Esprit, annoncer partout la bonne nouvelle de la venue du Royaume des cieux. 4. A travers les campagnes et les villes, ils proclamaient la parole, et c’est ainsi qu’ils prirent leurs prémices ; et après avoir éprouvé quel était leur esprit, ils les établirent évêques et diacres des futurs croyants. 5. Et ce n’était pas là chose nouvelle : depuis de longs siècles déjà l’Écriture parlait des évêques et des diacres ; elle dit en effet : « J’établirai leurs évêques dans la justice, et les diacres dans la foi » (Is 60, 17)
XLIII, 1. Qu’y a-t-il d’étonnant à ce que les Apôtres, à qui Dieu confia une si haute mission, aient établi ces ministres, puisque Moïse, le bienheureux « serviteur fidèle, établi sur toute la maison » (Nb 12, 7), a écrit dans les livres saints tous les ordres qu’il avait reçus ; et les autres prophètes l’ont suivi et ont rendu témoignage aux lois qu’il avait instituées. 2. Or, lorsque la jalousie surgit à propos du sacerdoce et que les tribus se mirent à se disputer l’honneur de ce titre glorieux, Moïse ordonna aux chefs des douze tribus d’apporter chacun un rameau portant le nom de leur tribu ; alors il lia ces rameaux en faisceau, les scella avec les anneaux des chefs, puis les déposa dans le tabernacle du témoignage sur l’autel de Dieu. 3. Il ferma ensuite le tabernacle, en scella les agrafes, comme il avait scellé les rameaux, 4. et il leur dit : « Frères, la tribu dont le rameau germera est celle que Dieu a choisie pour exercer le sacerdoce et le service du culte. » 5. Le lendemain, il convoqua tout Israël, les six cent mille hommes, ouvrit le tabernacle du témoignage et en sortit les rameaux. On trouva que la verge d’Aaron avait fleuri, et même portait du fruit. 6. Que vous en semble, bien-aimés ? Moïse ne savait-il pas qu’il en serait ainsi ? Il le savait parfaitement. Mais c’est pour éviter le désordre en Israël qu’il agit de la sorte, et pour glorifier le nom du Dieu véritable et unique, à qui soit la gloire dans les siècles des siècles. Amen.
XLIV, 1. Nos Apôtres aussi ont su qu’il y aurait des contestations au sujet de la dignité de l’épiscopat ; 2. c’est pourquoi, sachant très bien ce qui allait advenir, ils instituèrent les ministres que nous avons dit et posèrent ensuite la règle qu’à leur mort d’autres hommes éprouvés succéderaient à leurs fonctions. 3. Ceux qui ont ainsi reçu leur charge des Apôtres, ou, plus tard, d’autres personnages éminents, avec l’assentiment de toute l’Église, s ils ont servi le troupeau du Christ d’une façon irréprochable, en toute humilité, sans trouble ni mesquinerie, si tous ont rendu un bon témoignage depuis longtemps, nous pensons que ce serait contraire à la justice de les rejeter de leur ministère. 4. Et ce ne serait pas une petite faute de déposer de l’épiscopat des hommes qui présentent à Dieu les offrandes avec une piété irréprochable. 5. Heureux les presbytres qui ont déjà parcouru leur carrière ! Pour ceux-ci du moins, elle s’est déroulée jusqu’au bout et a rapporté son fruit. Ils n’auront plus à craindre qu’on vienne les chasser du poste qui leur a été assigné. 6. Car nous voyons que vous avez retiré à plus d’un bon presbytre un ministère qu’il exerçait d’une manière irréprochable et qui lui valait l’estime de tous.
XLV, 1. Vous rivalisez d’ardeur, frères, dans les choses du salut. 2. Vous vous êtes longuement penchés sur les Écritures saintes, qui sont véridiques, qui nous viennent du Saint-Esprit 3. Vous savez quelles ne contiennent ni injustice, ni fausseté. Vous n’y trouverez pas que des justes aient été chassés par des hommes pieux. 4. Les justes ont été persécutés, mais par des pécheurs ; emprisonnés, mais par des impies ; lapidés, mais par des méchants ; mis à mort, mais par des hommes remplis d’une honteuse et criminelle jalousie. 5. Ces souffrances, ils les ont endurées glorieusement. 6. Que dire en effet, frères ? Est-ce par des hommes craignant Dieu que Daniel a été jeté dans la fosse aux lions ? 7. Ananias, Azarias et Misaël, est-ce par des serviteurs doués au service inestimable et glorieux du Très-Haut, qu’ils ont été jetés dans la fournaise ardente ? En aucune façon. Qui donc les traitait de la sorte ? Des individus odieux, remplis de toute espèce de malice, et qui excitèrent leur rage jusqu’à livrer aux tortures des serviteurs de Dieu, saints et irréprochables, ignorant que le Très-Haut protège et défend ceux qui servent son saint nom en toute pureté de conscience. A Lui soit la gloire dans les siècles des siècles. Amen. 8. Quant à ceux qui ont souffert avec confiance, la gloire et l’honneur ont été leur héritage, Dieu les a exaltés et les a inscrits dans le livre, pour y conserver leur mémoire aux siècles des siècles. Amen.
XLVI, 1. C’est à ces exemples que nous devons, nous aussi, adhérer, frères. 2. « Attachez-vous aux saints, car en s’attachant à eux on se trouve sanctifié » (Aut. inc.). 3. Et dans un autre endroit : « Tu seras pur avec le pur, élu avec l’élu, mais rusant avec le fourbe » (Ps 17, 26-27). 4. Attachons-nous donc aux hommes purs et justes, car ce sont eux qui sont les élus de Dieu. 5. Que signifient parmi vous les querelles, les éclats, les dissensions, les schismes et la guerre ? 6. N’avons-nous pas un seul Dieu, un seul Christ, un seul esprit de charité répandu sur nous, une seule vocation dans le Christ ? 7. Pourquoi déchirer et écarteler les membres du Christ ? Pourquoi vous révolter contre votre propre corps ? en venir à ce point de démence d’oublier que nous sommes membres les uns des autres ? Souvenez-vous des paroles de Jésus, Notre Seigneur : 8. « Malheur à cet homme ! Mieux vaudrait pour lui n’être pas né que de scandaliser un seul de mes élus ! Mieux vaudrait pour lui se voir passer autour du cou une pierre à moudre et être précipité dans la mer que de pervertir un seul de mes élus » (Mt 26, 24 ; Lc 17, 2). 9. Or, votre schisme en a perverti beaucoup, il en a jeté beaucoup dans le découragement, beaucoup dans le doute, nous tous dans la tristesse ! Et votre querelle se prolonge !
XLVII, 1. Reprenons la lettre du bienheureux Apôtre Paul. 2. Que vous a-t-il écrit dans les commencements de l’Évangile ? En vérité, il était inspiré par l’Esprit lorsqu’il vous a écrit au sujet de Céphas et d’Apollos, car à cette époque déjà vous formiez des partis ; 4. mais cela vous rendait alors moins coupables, car vos partis se formaient autour d’Apôtres autorisés ou d’hommes éprouvés par eux. 5. Mais aujourd’hui voyez quels hommes vous ont troublés et comment se sont affaiblis votre charité fraternelle et le renom de sainteté qu’elle vous donnait. 6. C’est une honte, bien-aimés, une honte par trop grande ; c’est indigne d’une conduite soumise au Christ qu’on raconte que l’Église de Corinthe s’est révoltée contre ses presbytres à cause d’un ou deux individus. 7. Et le bruit n’en est pas venu seulement jusqu’à nous, mais aussi jusqu’à ceux qui ne partagent pas notre foi, de sorte que le nom du Seigneur est blasphémé à cause de votre folie, et que vous vous exposez vous-mêmes à des dangers.
XLVIII, 1. Faisons donc disparaître ce mal au plus vite, et jetons-nous aux pieds du Maître et supplions-le avec larmes de se montrer favorable, de nous réconcilier « de rétablir chez nous la pratique pieuse et sainte de la charité fraternelle. 2. Car la charité est une porte de justice qui s’ouvre sur la vie, selon qu’il est écrit : » Ouvrez-moi les portes de justice, j’entrerai et je rendrai grâce au Seigneur. 3. C’est ici la porte du Seigneur, c’est par elle que les justes entreront« (Ps 117,19-20). 4. Beaucoup de portes nous sont ouvertes : celle de la justice est celle du Christ. Bienheureux ceux qui entrent et dirigent leur marche » dans la sainteté et la justice « (Lc 1, 75), et qui accomplissent sans désordre tous leurs devoirs ! 5. Quelqu’un est-il fidèle, capable d’exposer une connaissance, quelqu’un est-il sage dans le discernement des discours, ou chaste dans sa conduite ? 6. Il doit être d’autant plus humble qu’il paraît plus grand, et chercher l’utilité commune de tous et non la sienne. 4. Les sommets où nous porte la charité sont ineffables. 5. La charité nous unit à Dieu, »la charité couvre une multitude de péchés » (1 P 4, 8). La charité supporte tout, la charité est longanime ; rien de mesquin dans la charité, rien d’orgueilleux. La charité ne fait pas de schisme, ne fomente pas de révolte ; elle accomplit toutes choses dans la concorde ; c’est la charité qui fait la perfection de tous les élus de Dieu ; sans la charité, rien n’est agréable à Dieu. 6. C’est dans la charité que le Maître nous a tirés à lui ; c’est à cause de la charité qu’il a eue pour nous, que Notre Seigneur Jésus-Christ a donné son sang pour nous, selon le dessein de Dieu, sa chair pour notre chair, son âme pour nos âmes.
L, 1. Vous voyez, bien-aimés, combien la charité est chose grande et admirable, et il n’est pas possible d’en expliquer la perfection. 2. Qui peut être trouvé capable d’y atteindre, sinon celui à qui Dieu en a fait la grâce ? Prions-le donc, et demandons à sa miséricorde d’être trouvés tans la charité, loin te toute acception de personnes, exempts de reproches. 3. Toutes les générations, depuis Adam jusqu’à ce jour, ont passé, mais ceux qui ont été trouvés dans la charité par la grâce de Dieu demeurent dans le séjour des saints, qui se manifesteront lorsque apparaîtra le royaume du Christ. 4. Il est écrit en effet : « Entrez dans vos chambres un instant, jusqu’à ce que soient passées ma colère et ma fureur ; et je me souviendrai d’un jour favorable, et je vous ferai remonter du tombeau » (Is 26, 20 ; Ez 37, 12). 5. Heureux sommes-nous, bien-aimés, si nous accomplissons les commandements de Dieu dans la concorde de la charité, afin que nos péchés nous soient remis à cause de la charité. 6. Il est écrit en effet : « Heureux qui est acquitté de son péché, absous de sa faute. Heureux l’homme à qui le Seigneur n’impute aucun tort et dont la bouche est sans fraude » (Ps 31,1-2). 7. Cette béatitude s’adresse à ceux qui ont été élus de Dieu par Notre Seigneur Jésus-Christ, à qui soit la gloire dans les siècles des siècles. Amen.
LI, 1. Toutes nos chutes et toutes les fautes que nous avons commises sous l’investigation d’un de ces suppôts de l’ennemi, implorons-en le pardon. Et ceux qui ont été les instigateurs de la révolte et de la sédition doivent considérer quelle est notre commune espérance. 2. Ceux qui vivent dans la crainte de Dieu et sa charité préfèrent subir eux-mêmes des tourments que de les voir infliger à leur prochain. Ils préfèrent supporter eux-mêmes le blâme, plutôt que de voir blâmer l’harmonie dont la tradition a été si saintement et si bellement conservée jusqu’à nous. 3. Il vaut mieux confesser publiquement ses fautes que de s’endurcir le coeur, comme il arriva à ceux qui se révoltèrent contre le serviteur de Dieu, Moïse ; et leur châtiment fut éclatant. 4. Car « ils descendirent vivants dans l’enfer » (Nb 16, 33), et c’est la mort qui les mènera paître. 5. Le Pharaon et son armée, tous les chefs d’Égypte avec leurs chars et leurs cavaliers furent engloutis dans la mer Rouge et y périrent pour la seule raison qu’ils avaient endurci leurs coeurs sans intelligence, après tous les miracles et les prodiges opérés en Égypte par Moïse le serviteur de Dieu.
LII, 1. Il n’a besoin de rien, frères, le Maître de toutes choses, il ne demande rien à personne, sinon l’aveu tes fautes. 2. David, son élu, dit en effet : « Je confesserai à Dieu mes fautes, cela plaira au Seigneur plus qu’un jeune taureau avec corne et sabots. A cette vue, les humbles se réjouiront » (Ps 68, 31-33). 3. Et encore : « Offre à Dieu un sacrifice d’action de grâces, accomplis tes voeux pour le Très-Haut. Appelle-moi au jour de l’angoisse, je t’affranchirai et tu me rendras gloire » (Ps 49, 14-15). 4. « Le sacrifice pour Dieu, c’est un esprit brisé » (Ps 50,19).
LIII, 1. Vous connaissez, vous connaissez très bien les saintes Écritures, bien-aimés, et vous vous êtes longuement penchés sur les paroles de Dieu. Ce n’est donc que pour mémoire que nous vous écrivons ceci. 2. Lorsque Moïse fut monté sur la montagne et qu’il eût passé quarante jours et quarante nuits dans le jeune et l’humilité, Dieu lui dit : « Moïse, Moïse, descends d’ici en hâte, car ton peuple a péché, ton peuple que tu as ramené d’Égypte. Ils n’ont pas tardé à s’écarter de la voie que je leur avais prescrite ; ils se sont fait des idoles de métal fondu » (Dt 9,12). 3. Puis le Seigneur lui dit : « Une fois et même deux fois, je t’ai adressé la parole pour te dire : » J’ai vu ce peuple ; c’est un peuple à nuque raide. Laisse-moi, que je les détruise et que j’efface leur nom de dessous les cieux ; et je ferai de toi une nation puissante, prodigieuse, nombreuse plus que celle-ci« (Dt 9, 13-14). 4. Et Moïse répondit : » Non, Seigneur ; mais pardonne à ce peuple son péché, sinon efface-moi aussi du Livre des vivants » (Ex 32, 32). 5. Ô la grande charité, ô l’inégalable perfection ! Le serviteur parle librement à son maître, il demande pardon pour la multitude, ou de périr avec elle.
LIV, 1. Qui, parmi nous, se sent une âme généreuse, compatissante, pleine de charité ? 2. Qu’il dise : « Si c’est moi qui apporte ici la sédition, la discorde, le schisme, je vais m’en aller où vous voudrez et je ferai ce que décidera l’assemblée ; seulement que le troupeau du Christ demeure dans la paix avec ses presbytres constitués. 3. Celui qui se conduira de la sorte s’acquerra une grande gloire dans le Christ et il sera bien reçu où qu’il aille ; car » au Seigneur la terre et toute sa plénitude » (Ps 23, 1). 4. Voici comment agissent et agiront ceux dont la conduite est de Dieu, et ne connaît pas le remords.
LV, 1. Mais pour prendre aussi des exemples chez les païens, bien des rois et des chefs, alors que la peste sévissait, se sont donnés la mort sur le conseil d’un oracle, afin de sauver leurs concitoyens, au prix de leur sang. D’autres, en grand nombre, se sont exilés de leur patrie, pour que la sédition ne s’y prolongeât pas davantage. 2. Nous savons que beaucoup des nôtres se sont volontairement constitués prisonniers pour en délivrer d’autres de leurs fers. Beaucoup aussi se sont vendus comme esclaves pour en faire subsister d’autres avec l’argent. 3. Plus d’une femme, rendue forte par la charité de Dieu, a accompli des exploits dignes d’un homme. 4. La bienheureuse Judith, voyant qu’on faisait le siège de sa ville, sollicita des Anciens qu’on la laisse aller dans le camp ennemi ; 5. s’exposant volontairement au danger, elle sortit de la ville, par amour pour la patrie et pour son peuple assiégé. Et le Seigneur livra Holopherne entre les mains d’une femme. 6. Esther, à la foi si parfaite, n’encourut pas un moindre péril pour sauver les douze tribus d’Israël d’une mort imminente. Elle supplia, dans le jeûne et l’humiliation, le Maître qui voit tout, le Dieu de tous les siècles, et lui, voyant l’humilité de son âme, sauva le peuple pour l’amour de qui elle s’était exposée à la mort.
LVI, 1. Nous aussi, prions pour ceux qui ont commis quelque faute ; qu’ils reçoivent de Dieu la douceur et l’humilité qui les feront céder non pas à nous, mais à la volonté de Dieu ; car c’est ainsi que portera tous ses fruits le souvenir compatissant que nous avons eu d’eux devant Dieu et devant les saints. 2. Acceptons les corrections fraternelles, personne ne doit s’en offenser, bien-aimés. L’avertissement que nous nous donnons les uns aux autres est une chose bonne et tout à fait utile. 3. Voici, en effet, ce que dit l’Écriture sainte : « Il m’a châtié et châtié, le Seigneur, et à la mort il ne m’a pas livré (Ps 117, 18). 4 Car celui qu’il aime, le Seigneur le corrige ; il châtie tous ceux qu’il agrée (Pr 3, 12). 5. Que le juste me corrige avec miséricorde, et qu’il me reprenne ; mais que l’huile de l’impie jamais n’orne ma tête » (Ps 140, 5). 6. Et encore : « Oui, heureux l’homme que Dieu corrige. Aussi, sois docile à la leçon du Tout-Puissant, lui qui blesse, puis panse la plaie, 7. qui meurtrit, puis guérit de sa main. 8. Six fois, de l’angoisse il te délivrera, et une septième, le mal t’épargnera. 9. Dans la famine il te sauvera de la mort, à la guerre, des atteintes de l’épée. 10. Tu seras à l’abri du fouet de la langue, sans crainte à l’approche du pillard. 11. Tu te riras des injustes et des méchants, et tu ne craindras pas les bêtes malfaisantes ; 12. les animaux sauvages seront en paix avec toi. 13. Tu trouveras ta maison prospère ; sous ta tente tes biens ne feront pas défaut. 14. Tu verras ta postérité s’accroître, tes enfants pousser comme l’herbe des champs. 15. Tu entreras dans ta tombe bien mûr comme le blé qu’on moissonne, quand c’est la saison, ou comme on entasse la meule en son temps » (Jb 5, 17-26). 16. Vous le voyez, bien-aimés, quelle protection s’étend sur ceux qui acceptent le châtiment du Maître ; comme un bon père, il ne nous châtie que pour que ce saint châtiment soit un nouveau motif de sa miséricorde.
LVII, 1. Vous donc qui êtes à l’origine des dissensions, soumettez-vous aux presbytres, laissez-vous corriger afin de vous repentir et de ployer les genoux de votre coeur. 2. Apprenez à obéir, laissant là votre arrogance et la trop brillante audace de votre langue. Mieux vaut, en effet, pour vous, être petits, mais comptés dans le troupeau du Christ que d’être estimés très haut et de vous voir exclus de l’espérance que nous avons en lui. 3. Voici en effet comme s’exprime la très sainte Sagesse : « Pour vous je vais épancher mon esprit et vous faire connaître mes dires. 4. Puisque j’ai appelé et que vous avez refusé, que j’ai parlé longuement, sans que vous y preniez garde, puisque vous avez négligé mes conseils et que vous n’avez pas voulu de mes remontrances, je me réjouirai à mon tour de votre perte, et je vous narguerai quand viendra la ruine, quand l’épouvante fondra sur vous et la catastrophe comme un ouragan, quand l’épreuve et l’angoisse fondront sur vous. 5. Un jour ils m’invoqueront, mais je ne répondrai pas. Les méchants me chercheront et ne me trouveront pas. Ils détestaient le savoir, ils n’aimaient pas plus que tout la crainte du Seigneur, ils ne voulaient pas de mon conseil, ils faisaient fi de mes réprimandes. 6. Ils mangeront donc du fruit de leurs errements, ils se rassasieront de leur propre impiété. 7. Pour avoir fait du mal aux simples, ils connaîtront la mort, le jugement sera la perte des impies. Mais celui qui m’écoute établira en confiance sa demeure dans l’espérance ; il sera dans la paix sans craindre aucun mal » (Pr 1, 23-33).
LVIII, 1. Obéissons donc à son nom très saint et plein de gloire, mettons-nous à l’abri des menaces proférées par la Sagesse contre les insoumis, afin de vous établir dans un confiant abandon au nom très saint de sa Majesté. 2. Recevez notre conseil et vous n’aurez pas à vous en repentir. Car aussi vrai que Dieu est vivant, vivants le Seigneur Jésus-Christ et le Saint-Esprit, objets de la foi et de l’espérance des élus, celui qui met humblement en pratique les commandements et les préceptes que nous a donnés le Seigneur, avec une persévérante discrétion et sans négligence, celui-là trouvera son rang et sa place au nombre de ceux qui sont sauvés par Jésus-Christ, par qui la gloire soit à Dieu aux siècles des siècles. Amen.
LIX, 1. Mais s’il y en a qui résistent aux avertissements que Dieu leur envoie par notre truchement, qu’ils sachent que leur faute n’est pas légère, ni mince le danger auquel ils s’exposent. 2. Pour nous, nous serons innocents de ce péché et nous prierons d’une prière et d’une supplication inlassables le Créateur de toutes choses, de maintenir intact le nombre de ses élus dans le monde entier, par son Fils bien-aimé, Jésus-Christ, qui nous a appelés des ténèbres à la lumière, de l’ignorance à la connaissance de la gloire de son nom. 3. Il nous a appris à espérer en ton nom, principe de toute créature, Tu as ouvert les yeux de notre coeur pour qu’il te connaisse, Toi, « le seul Très-Haut dans les cieux très hauts », « le saint qui repose parmi les saints » (Is 57, 15), « Toi qui abaisses l’orgueil tes superbes » (Is 13, 11), « Qui confonds les pensées des peuples » (Ps 32, 10), « Qui exaltes les humbles, et qui humilies les hautains » (Jb 5, 11), « Toi qui donnes la richesse et la pauvreté » (1 S 2, 7), « Toi qui fais mourir, qui sauves, et qui fais vivre » (Dt 32, 39), « Toi seul bienfaiteur » des esprits, et Dieu de toute chair « (Nb. 16, 22 ; 27, 16), » Toi qui sondes les abîmes« (Dn 3, 55), qui scrutes les oeuvres de l’homme. Secours dans le danger, » Sauveur dans le désespoir « (Jdt 9, 11), Créateur et évêque de tout esprit vivant. Toi qui multiplies les races sur la terre, Et qui, du milieu de chacune d’entre elles, choisis ceux qui t’aiment, par Jésus-Christ, ton Fils bien-aimé, Par qui tu nous as enseignés, sanctifiés, glorifiés. 4. Nous t’en prions, Maître, » fais-toi notre secours et notre protecteur « (Ps 118,114). Parmi nous, sauve les opprimés, Aux humbles fais miséricorde. Ceux qui sont tombés, relève-les ; A ceux qui sont dans la misère, montre ta face. Les faibles, daigne les guérir, Les égarés de ton peuple, veuille les ramener, Donne du pain aux affamés, Délivre-nous de nos liens, Rends-nous debout ceux qui languissent, Console les pusillanimes. » Que toutes les nations connaissent que tu es toi le seul Dieu « (1 R. 8, 60) Et que Jésus-Christ est ton Fils Et » nous-mêmes, ton peuple et le troupeau de ton bercail » (Ps 78, 13)
LX, 1. C’est toi dont les oeuvres ont fait apparaître l’immortelle harmonie du cosmos, C’est toi, Seigneur, qui as fait la terre habitée, Toi qui te montres fidèle dans toutes les générations, Juste dans tes jugements, Admirable dans ta force et ta majesté, Sage dans ta création, Tout intelligence pour établir cette création dans la stabilité. Bonté manifestée dans le monde visible, Fidélité envers ceux qui se confient en toi, Seigneur « miséricordieux et compatissant » (Jl 2, 13), Remets-nous nos péchés et nos iniquités, Pardonne nos fautes et nos manquements, 2. Ne fais pas le compte des fautes de tes serviteurs et de tes servantes, Mais purifie-nous en nous lavant dans ta vérité (Ps 118, 133). « Dirige notre marche » (Ps 118, 133), « afin que nous allions dans la sainteté du coeur » (1 R. 9, 4), Et que « nous accomplissions ce qui est bien et agréable à tes yeux » (Dt 13, 18) Et aux yeux de ceux qui nous gouvernent. 3. Oui, Maître, « fais luire sur nous ta face » (Ps 66, 2) Pour notre bien, dans la paix, Pour nous être un appui, par ta main puissante, Pour nous libérer de tout péché, par ton bras étendu, Et nous délivrer de ceux qui nous poursuivent d’une injuste haine. 4. Donne-nous la concorde et la paix, A nous et à tous les habitants de la terre, Comme tu les as données à nos pères Lorsqu’ils invoquaient ton nom dans la foi et la vérité. Et pour cela rends-nous soumis A ton nom tout-puissant et très saint, Ainsi qu’à ceux qui nous gouvernent et nous dirigent sur la terre.
LXI, 1. C’est Toi, Seigneur, qui leur as donné le pouvoir d’exercer leur autorité, Par ta force magnifique et ineffable, Afin que sachant que c’est de toi qu’ils ont reçu leur gloire et l’honneur où nous les voyons, Nous leur soyons soumis, bien loin de nous opposer à ta volonté. Donne-leur donc, Seigneur, la santé, la paix, la concorde, la stabilité, Afin qu’ils exercent sans obstacle la souveraineté que tu leur as confiée. 2. Car c’est toi, Maître, Roi des Cieux pour les siècles, Qui donnes aux fils des hommes la gloire et l’honneur Et le pouvoir sur les choses de la terre. Toi donc, dirige leur conseil selon ce qui est bien et agréable à tes yeux, Afin qu’en exerçant dans la paix, la mansuétude, Avec piété, l’autorité que tu leur as donnée, Ils obtiennent ta grâce. 3. Toi seul peux faire ces choses Et nous en accorder de bien plus grandes encore, Nous t’en rendons grâces par le grand prêtre et le chef de nos âmes, Jésus-Christ, Par qui gloire et magnificence soit à Toi, maintenant, De génération en génération, Et dans les siècles des siècles. Amen.
LXII, 1. Pour les dispositions convenables à notre religion, pour l’attitude la plus utile à la vertu, chez des personnes qui veulent se conduire en toute sainteté et piété, nous vous en avons suffisamment écrit, frères. 2. Pour la foi, la pénitence, la vraie charité et la continence, la chasteté et la patience, nous avons vu tous les aspects de la question, et nous vous avons rappelé qu’il vous faut plaire au Dieu Tout-Puissant, par votre sainteté, qui sera toute justice, vérité, longanimité, en maintenant la concorde par l’oubli des injures, en vivant dans la charité et la paix, en demeurant discrets en toutes circonstances, comme nos pères dont nous vous avons montré l’exemple, et qui ont plu par leur humilité envers leur Père, leur Dieu, leur Créateur et envers les hommes. 3. Nous avons pris d’autant plus de plaisir à vous rappeler ces choses que nous savions nous adresser à des personnes fidèles, dont on fait cas, et qui ont approfondi les maximes de l’enseignement divin.
LXIII, 1. Il est donc juste de nous mettre à l’école de tant de grands et beaux exemples, et de courber la tête, de remplir la place que nous donne l’obéissance afin d’apaiser une discorde vaine, et d’atteindre sans reproche le but qui nous est proposé dans la vérité. 2. Vous nous causerez joie et allégresse, si vous obéissez à ce que nous vous avons écrit par le Saint-Esprit, et si vous mettez une fin aux ressentiments coupables que votre rivalité a fait naître, selon les invitations à la paix et à la concorde, que nous vous faisons dans cette lettre. 3. Nous vous avons envoyé des hommes sûrs et sages qui ont vécu sans reproche au milieu de nous depuis leur jeune âge jusqu’à la vieillesse ; ils seront témoins entre vous et nous. 4. Nous avons agi de la sorte afin que vous sachiez que tout notre souci a été et demeure de vous rétablir promptement dans la paix. LXIV, 1. Pour le reste, que Dieu qui sait tout et qui est « le Maître des esprits et le Seigneur de toute chair » (Nb 16, 22 ; 27, 16), lui qui s’est choisi le Seigneur Jésus-Christ et nous-mêmes en lui, pour être son peuple particulier, que Dieu donc donne à toute âme qui invoque son saint nom de majesté, la foi, la crainte, la paix, la patience et la longanimité, la continence, la chasteté, la tempérance, afin de plaire à son nom, par notre grand prêtre et notre chef, Jésus-Christ, par qui la gloire, la majesté, la puissance et l’honneur soit à Dieu maintenant et dans tous les siècles des siècles. Amen.
LXV, l. Rendez-nous promptement, en paix et joie, les messagers que nous vous avons envoyés : Claudius Ephebus et Valerius Biton avec Fortunatus, afin qu’ils nous annoncent au plus vite la paix et la concorde si désirables et si désirées par nous, et que nous nous réjouissions, nous aussi, au plus tôt du bon ordre parmi vous. 2. Que la grâce de notre Seigneur Jésus soit avec vous et avec tous les élus que Dieu a appelés en tout lieu par lui, à qui soit l’honneur, la gloire, la puissance et la majesté, le trône éternel, depuis le commencement jusqu’à la fin des siècles. Amen.