Dimanches, samedis soirs et jours de fête

La prière familiale collective à la maison ne doit pas être considérée comme une alternative à la divine liturgie du dimanche et des jours de fête. Ces jours-là, la famille doit assister à toute la Divine Liturgie dans l’enceinte de l’église paroissiale, car c’est là que le plus grand don de Dieu nous est accordé – à savoir le Corps et le Sang du Christ.

Les samedis soirs et les veilles des grands jours de fête doivent être des moments auxquels la famille accorde une attention particulière. La présence aux Vigiles à l’église paroissiale est la manière idéale de passer ces soirées. Si, cependant, par nécessité (enfants en bas âge ou maladie), les membres de la famille ne peuvent pas assister aux Vigiles, ils devraient passer une soirée tranquille dans la prière et la lecture spirituelle. Les chrétiens orthodoxes éviteront les soirées devant la télévision, les sorties ou les divertissements, encore moins à jouer aux cartes, à tondre le gazon, pêcher ou à participer à tout autre préoccupation laïque, que ce soit à l’intérieur ou à l’extérieur de la maison. Les radios, télévisions, chaînes stéréo et instruments de musique sont réduits au silence ces soirs-là, puisque le jour de la fête a déjà commencé au coucher du soleil. Ces soirées silencieuses doivent être consacrées à une préparation spirituelle et tranquille pour la fête. Les divertissements séculiers ne doivent être repris qu’après la célébration de la Divine Liturgie le jour de la fête.

À la veille d’une grande fête et le samedi soir (lorsque les Vigiles de la résurrection du Christ sont célébrées chaque semaine), les maris et les femmes chrétiens orthodoxes s’abstiennent de relations sexuelles afin de pouvoir diriger toutes leurs pensées, actions et préoccupations vers leur croissance spirituelle et ne pas s’occuper de questions non spirituelles. L’Église chrétienne ne considère pas les relations sexuelles entre mari et femme comme un acte basique conséquence du péché d’Adam et Eve dans le seul but de concevoir des enfants. L’abstention de relations physiques à ces moments-là et à d’autres moments n’est pas motivée par un état d’esprit considérant ces relations comme impures ou pécheresses. Le Concile de l’Église de Gangra tenu en 340 après J.-C. a décrété quatre canons qui maintiennent la respectabilité du lit conjugal.

Le premier canon établit que :

Si quelqu’un dénigre le mariage, ou abomine ou dénigre une femme qui couche avec son mari, même si elle est fidèle et respectueuse, comme si elle ne pouvait pas entrer dans le Royaume, qu’il soit anathème.

Le neuvième canon établit que :

Si quelqu’un devait rester vierge ou observer la continence comme si, exécrant le mariage, il était devenu un anachorète, et non pour l’exemplarité et le caractère sacré de la virginité, qu’il soit anathème.

Le dixième canon établit que :

Si quelqu’un menant une vie de virginité pour le Seigneur considère les personnes mariées avec mépris, qu’il soit anathème.

Le quatorzième canon établit que :

Si une femme abandonne son mari et souhaite partir parce qu’elle exècre le mariage, qu’elle soit anathème.

L’abstention des relations sexuelles se situe dans une optique spirituelle et de préparation. Ce raisonnement est aussi vieux que l’Église elle-même, puisque saint Paul, dans sa lettre aux Corinthiens (1 Corinthiens 7: 5), indique que mari et femme ne doivent se refuser l’un à l’autre que dans les moments où ils se consacrent à la prière.

Nous avons mentionné l’encensoir à main dans le coin de l’icône. Cet encensoir à main est utilisé dans la maison les veilles de fêtes, les samedis soirs, les débuts de périodes de carême, les veilles des fêtes des prénoms des membres de la famille, la veille de la fête en l’honneur du Patron de l’église paroissiale de la famille, et à d’autres occasions. Certaines familles orthodoxes utilisent l’encensoir à main chaque soir lors de la prière en famille, mais au minimum on l’utilisera pour les occasions mentionnées ci-dessus.

L’offrande d’encens à Dieu est une pratique qui remonte à l’époque de Moïse, lorsque Dieu a donné des ordres sur la façon de le brûler.

Tu feras un autel sur lequel brûler de l’encens … Aaron y fera brûler du parfum odoriférant; il en fera brûler chaque matin, lorsqu’il préparera les lampes; il en fera brûler aussi entre les deux soirs, lorsqu’il arrangera les lampes. C’est ainsi que l’on brûlera à perpétuité du parfum devant l’Éternel parmi vos descendants. Vous n’offrirez sur l’autel ni parfum étranger, ni holocauste, ni offrande, et vous n’y répandrez aucune libation. (Exode 30: 1, 7-9).

La combustion de l’encens comme offrande à Dieu se poursuivra jusqu’à la fin du monde, comme l’a révélé Dieu à saint Jean.

Et un autre ange vint, et il se tint sur l’autel, ayant un encensoir d’or; on lui donna beaucoup de parfums, afin qu’il les offrît, avec les prières de tous les saints, sur l’autel d’or qui est devant le trône (Ap 8: 3- 5).

En raison du commandement et de la révélation de Dieu concernant l’offrande d’encens, l’Église utilise l’encens comme offrande acceptable dans ses services divins. Puisque l’église paroissiale utilise de l’encens, l’église de la famille devrait aussi utiliser l’encens comme une offrande agréable à Dieu. Le samedi soir, à la veille des fêtes et des autres occasions déjà mentionnées, la maison est « bénie » d’encens. Le chef de famille porte l’encensoir à main avec de l’encens brûlant dans tout le logement (sous-sol et grenier compris) et fait le signe de la croix sur les quatre murs de chaque chambre et au-dessus des lits. Certains orthodoxes ont coutume de dire à chaque signe de croix ainsi fait: «Cette chambre (ou lit) est bénie par le signe de la Sainte Croix». La personne qui encense est accompagnée de tous les membres de la maison qui chantent « Dieu saint … », le tropaire de la fête ou du dimanche ou autre ode appropriée, et portant des icônes ou des bougies. La procession commence depuis le coin à icônes, traverse tout le logement et revient au coin à icônes.

L’encensoir à main, le charbon de bois (pour brûler l’encens) et l’encens peuvent être achetés dans certaines églises paroissiales ou auprès de communautés monastiques. Le prêtre ou le diacre se fera un plaisir de montrer aux paroissiens comment allumer le charbon de bois et offrir de l’encens.

Le charbon de bois et les cendres d’encens ne doivent pas être jetés à la poubelle, mais doivent être déposés le long des fondations du bâtiment, enterrés dans le sol ou placés dans un autre endroit approprié où personne ne marchera dessus.

Les fêtes sont célébrées par les familles orthodoxes comme des occasions spéciales et joyeuses. Ces jours ne sont pas considérés comme des jours normaux et c’est pour cette raison que les maisons orthodoxes sont souvent décorées spécialement pour la fête. La décoration de la maison et du coin des icônes peut être un projet pour les parents avec les enfants. Les décorations elles-mêmes, la décoration et la bénédiction de la maison avec l’encensoir à main mettent tous l’accent sur la particularité et l’importance de la fête. Celle-ci ne doit être surpassée par aucune célébration laïque à la maison, car après tout, la maison orthodoxe est une église familiale et Dieu est au centre de son existence. Il n’y a rien de plus vide qu’un Noël célébré, comme le font beaucoup d’Occidentaux, pour que les décorations de la maison, le repas, les cadeaux ou la réunion de famille soient le centre et la raison de la célébration. En d’autres termes, le Christ a été rendu étranger à la célébration.

Source : Père Michael b. Henning (orthodoxinfo.com/praxis)

Traduit de l’anglais par Tikhon.