24 novembre (7 décembre) : Sainte Catherine d’Alexandrie, mégalomartyr

Née à Alexandrie, la capitale de l’Egypte et la métropole des sciences et des arts, Catherine (ou Aicatherine) était la fille d’un riche et puissant seigneur, Constus (ou Cestus). Outre la noblesse, Dieu l’avait parée d’une rare beauté, qui faisait l’admiration de tous ceux qui l’approchaient, et lui avait donné une intelligence exceptionnelle. La jeune fille suivit les leçons des meilleurs maîtres et des plus illustres philosophes; elle apprit à débrouiller les raisonnements les plus obscurs et à maîtriser avec un égal succès les systèmes philosophiques d’Aristote, de Platon et de leurs disciples plus récents. Elle excellait aussi dans l’art du langage, connaissait les plus grands poètes, d’Homère à Virgile, et elle pouvait s’entretenir de tout sujet dans un grand nombre de langues qu’elle avait apprises auprès des savants et des voyageurs qui venaient séjourner dans cette ville cosmopolite. Elle avait parcouru toutes les sciences de la nature, en particulier la médecine, et aucun domaine de la sagesse humaine ne pouvait échapper à son esprit pénétrant et avide de connaissance. Agée de dix-huit ans à peine, elle avait atteint un degré si rare dans la science qu’elle faisait l’admiration des vieillards les plus éprouvés. Cette réputation, la noblesse de son origine, sa beauté et sa richesse la rendaient enviable pour beaucoup, et de nombreux prétendants se présentaient pour la demander en mariage. Mais Catherine, pressentant intérieurement l’excellence de la virginité, refusait toutes les demandes et avait posé à ses parents comme condition de n’accepter pour époux qu’un jeune homme l’égalant aussi bien par la noblesse que par la richesse, la beauté et la sagesse.

Sa mère désespérant de trouver un tel parti, envoya la jeune fille prendre conseil d’un saint ascète chrétien qui vivait un peu en-dehors de la ville. Celui-ci dit à Catherine qu’en effet il connaissait un tel homme et que sa sagesse était encore bien supérieure, car elle est le principe même de tous les êtres visibles et invisibles. Cette sagesse, il ne l’a pas acquise, mais il la possède éternellement. Sa noblesse est aussi supérieure à tout ce qu’on peut imaginer, car il possède le pouvoir sur l’univers entier et a créé le monde par sa propre puissance. Maître des mondes, principe de toute sagesse et de toute science, il est aussi – lui dit l’ancien – le plus beau des enfants des hommes, car il est Dieu incarné: le Fils et le Verbe éternel du Père qui S’est fait homme pour notre salut et qui désire épouser chaque âme vierge. L’ascète la congédia en lui donnant une Icône de la Mère de Dieu portant l’enfant-Dieu dans ses bras. La nuit suivante, Catherine vit apparaître la Mère de Dieu, mais le Christ se détournait et refusait de la regarder, disant qu’elle était laide et toute souillée car encore soumise à la mort et au péché. Toute troublée, elle se rendit auprès de l’ascète qui lui enseigna les mystères de la foi et la fit renaître pour la vie éternelle dans la bain du Baptême. La Mère de Dieu lui apparut alors à nouveau, portant le Christ rayonnant de joie. «La voilà désormais rayonnante et belle, riche et vraiment sage – dit le Christ – maintenant Je l’accepte comme Ma fiancée très pure!» Pour sceller ces fiancailles célestes, la Mère de Dieu passa au doigt de la jeune fille un anneau et lui fit promettre de ne pas accepter d’autre époux sur la terre.

Or c’est à cette époque que l’empereur Maximin (305-311), à la suite de Dioclétien, voulait contraindre, sous peine de tortures et de mort, tous ses sujets à participer à des sacrifices idolâtres en signe de soumission à sa puissance. Comme on procédait à de tels rites impies à Alexandrie, Catherine se présenta devant l’empereur dans le temple, lui rendit hommage comme souverain, mais condamna sévèrement le culte des créatures. D’abord frappé par l’éclatante beauté de la jeune vierge et par son audace, l’empereur l’écouta développer ses raisonnements et fut conquis par sa sagesse. Catherine lui proposa d’affronter dans une discussion publique les sages et les rhéteurs les plus brillants de l’empire. Le souverain accepta et envoya des messagers dans tous les confins de l’empire pour rassembler sages, philosophes, rhéteurs et dialecticiens. Ils vinrent au nombre de cent cinquante à Alexandrie et se présentèrent devant l’empereur et la foule rassemblée dans l’amphithéâtre avec, face à eux, la frêle jeune fille, seule mais rayonnante de la grâce du Saint-Esprit. Elle ne les craignait pas car le Saint Archange Michel venait de lui apparaître et de lui assurer que le Seigneur parlerait par sa bouche et lui ferait vaincre la sagesse du monde par la Sagesse venue d’en-haut. Ainsi confirmée, Catherine démontra les erreurs et les contradictions des oracles, des poètes et des philosophes. Elle montra qu’ils avaient eux-mêmes reconnu que les soi-disants dieux des païens sont des démons et l’expression de passions humaines. Pour appuyer ses arguments, elle fit même appel à certains oracles de la Sibylle et d’Apollon, qui annonçaient obscurément la divine Incarnation et la Passion salutaire du Fils de Dieu. Elle confondit leurs fables et leurs mythes et proclama que le monde a été créé de rien par le seul vrai Dieu éternel et que l’homme a été délivré de la mort par l’Incarnation du Fils unique du Père. Réduits au silence, à bout d’arguments, les rhéteurs reconnurent leur erreur et demandèrent à la Sainte de recevoir le Baptême. L’empereur, furieux de cet échec, fit saisir les cent cinquante sages et les condamna à périr par le feu, le 17 novembre. Après avoir vainement essayé de convaincre Catherine par les flatteries, il la fit torturer et jeter en prison. Mais la propre épouse de Maximin se convertit à son tour au spectacle des exploits de la jeune fille et lui rendit visite dans sa prison, en compagnie du général Porphyre, un proche ami du souverain, et de deux cents soldats qui devinrent eux aussi disciples du Christ. La Sainte les accueillit avec joie et leur prédit la gloire des valeureux athlètes de la foi. L’empereur oublia tout sentiment humain en apprenant la défection de ses proches. Il fit cruellement torturer sa femme et la fit décapiter, le 23 novembre. Le lendemain, il fit comparaître Porphyre et les soldats et ordonna de leur trancher la tête.

Le 25, Catherine fut tirée à son tour de son cachot et apparut au tribunal plus belle et plus éblouissante de joie céleste que lorsqu’elle était entrée, car elle voyait désormais venu le jour de son mariage avec le Christ. On l’emmena en-dehors de la ville et, après une dernière prière d’action de grâces au Christ qui lui avait découvert les trésors inépuisables de la vraie sagesse, la Sainte eut à son tour la tête tranchée.

Deux Anges se présentèrent alors et transportèrent son corps d’Alexandrie au Mont Sinaï Il fut découvert par un ascète qui demeurait non loin de là, et, lorsqu’on édifia le grand monastère près de la montagne où Moïse avait parlé avec Dieu, on le dédia à Sainte Catherine et on y déposa ses Saintes Reliques, qui dégagent jusqu’à aujourd’hui un parfum céleste et qui ont accompli de nombreux miracles.

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