Qu’est-ce donc que le péché dans la conception chrétienne ?

Le péché est avant tout un phénomène spirituel, métaphysique. Les racines du péchés se trouvent dans la profondeur mystique de la nature spirituelle de l’homme. L’essence du péché n’est pas la transgression d’une norme éthique, mais un éloignement de la vie éternelle et divine pour laquelle l’homme est créé et à laquelle il est naturellement – c’est-à-dire conformément à sa nature – appelé.Le péché s’accomplit avant tout dans la mystérieuse profondeur de l’esprit humain, mais ses conséquences affectent l’homme tout entier. Une fois accompli, le péché se répercute sur l’état psychique et physique de l’homme qui l’a commis ; il se reflète dans son apparence extérieure et influe sur sa destinée personnelle ; il déborde inévitablement les limites de la vie individuelle du pécheur, pour alourdir le poids du mal qui pèse sur la vie de toute l’humanité et, par conséquent, il affecte la destinée du monde entier.Ce n’est pas seulement le péché de notre ancêtre Adam qui a eu des conséquences d’une portée cosmique, mais tout péché, manifeste ou secret, de chacun d’entre nous se répercute sur la destinée du monde entier.Quand l’homme charnel commet un péché, il n’en ressent pas en lui les conséquences de la même manière que l’homme spirituel. L’homme charnel n’aperçoit pas en lui un changement de son état après l’accomplissement du péché, parce qu’il demeure constamment dans la mort spirituelle, parce qu’il n’a pas connu la vie éternelle de l’esprit. L’homme spirituel, par contre, chaque fois que sa volonté incline au péché, constate un changement de son état intérieur, en raison d’une diminution de la grâce.


Archimandrite Sophrony
Extrait de « Saint Silouane – vie, doctrine, écrits » – Page 34-35