Ne confondez pas le zèle spirituel avec un autre. Le zèle spirituel tend tout entier vers le but de plaire à Dieu et d’être sauvé. Il est empli de la crainte de Dieu ; Il maintient une attention constante envers Dieu, préoccupé avant tout de ne rien laisser ni dans les pensées, ni dans les sentiments, ni dans les paroles, ni dans les actes, qui puissent ne pas plaire à Dieu, comme le lui montre sa conscience, laquelle est gardée pure comme un miroir. Il garde le cœur à l’abri de tout attachement à quoi que ce soit, à l’exception de Dieu et des choses divines ; il rompt avec tous les espoirs terrestres, et mû par des espérances autres, il s’établit dans un monde autre. Il n’est pas étranger à ce que la vie ici-bas nécessite, mais il le considère comme secondaire, tandis que ce qui compte, c’est plaire à Dieu et être sauvé. Vous voyez ? Pensez bien à cela et vérifiez pour vous-même.
Prêtez encore attention au fait qu’il existe un zèle intellectuel, et c’est un zèle puissant. Mais celui-là est entièrement tourné vers l’organisation du quotidien. Il y a ceux qui, zélés pour la science, n’en dorment pas ; ceux qui, zélés pour les arts, parcourent le monde ; ceux qui, zélés pour l’industrie et le commerce, n’épargnent pas leur peine, et tous ceux qui sont zélés pour les choses de la vie courante ou civile. Cela ne serait rien, mais le malheur, c’est que ces formes du zèle, quand elles s’emparent des forces d’un homme, étouffent en lui l’ardeur spirituelle. Le zèle, laissé à la seule nature, dans ses meilleures manifestations, est indifférent au spirituel et il ôte toute envie de se préoccuper de ce qui satisfait le zèle spirituel. Des autres formes de l’ardeur, point n’est besoin de dire combien elles sont hostiles à l’ardeur spirituelle. Car il y a un zèle de vanité (comment s’habiller, ou tout autre soucis de ce genre), un zèle de malignité, vicieux et peccamineux, tourné vers la satisfactions des passions. Ces dernières font plus que refroidir le zèle spirituel, elles lui sont hostiles, et tout comme elles l’étouffent en elles-mêmes, dès qu’il pointe dans la conscience, elles le pourchassent même chez les autres. Voyez combien il y a de formes de zèle ! et observez bien, n’en reconnaissez-vous pas une, ou une autre, en vous ? …
Lettres de direction spirituelle – Saint Théophane le Reclus – Editions des Syrtes